A vingt-cinq ans le mariage lui est interdit ; elle s’enfuit avec l’homme qu’elle a choisi et le mariage devient imposition ; elle doit s’habituer à une autre vie, une autre maison, un avenir de travail et d’abnégation, je ne sais pas s’ils s’aimaient, l’amour parfois se confond avec le devoir. Quand a-t-elle su qu’elle allait mourir jeune ? Sur les portraits sans rides et sans rires, on le devinait déjà.Elle aime le café noir, amer, qu’elle prend les matins d’hiver assise auprès du feu. Lequel des trois enfants préférait-elle ? La plus petite, endiablée, qui vit comme si elle avait été toujours aimée ? Le garçon sage ? La fille du milieu, de loin la plus austère ? Elle porte des vêtements sombres, ses mains se sont grossies à force de lessives, la rivière pas loin, les draps étalés sur l’herbe, j’y reviens souvent. Quel arbre préférait-elle dans le jardin ? Le grand noyer qui n’existe plus ? Sous son ombre les ombres des gitans, je m’en souviens encore. Je pose des questions sur elle aux quelques personnes qui l’auront connue. Ils se taisent. J’ai ton sang dans mon sang, tes cernes, si quelque chose encore vit de toi en moi, je ne le sais pas.
je ne sais pas s’ils s’aimaient, l’amour parfois se confond avec le devoir.
Cette phrase Helena me frappe, je la trouve si vraie, si cruelle. Et ton texte, fort comme un coup. Bravo ma belle et merci.
Merci, Clarence ! Contente que cela ait fait écho en toi !
merci Helena pour ce portrait si sobre et émouvant. Merci.
Merci, Ugo !
« Je ne sais pas s’ils s’aimaient, l’amour parfois se confond avec le devoir ». Oui, et on le dit si peu! « Si quelque chose encore vit de toi en moi, je ne le sais pas »: cette chute que je ressens comme triste, tellement vraie aussi… Merci Helena!
Merci, Valérie ! Contente que cela vous ait plu !