#anthologie #10 | Lavande

Elle a douze ans. Elle tient la barre d’un voilier qui prend l’eau, La Lame brillante. Elle est torse nu et on ne lui a jamais coupé les cheveux. Elle a dix-huit ans. Elle chante devant une église. Son flamant rose somnole à côté d’elle. Elle est triste en dedans, dure au dehors. Elle a huit ans. Elle joue avec un ananas et des billes de plomb. Elle a un canif en poche. À dix ans, elle décide qu’elle ne dormira jamais plus de quatre nuits de suite au même endroit. En ***2, elle vend des crabes sur les marchés de Sulalito. Un pêcheur tente de la violer. Elle lui fracasse le crâne d’un coup de marteau. Elle gagne pour la première fois le continent en **7*. L’empilement des briques et le mortier l’impressionnent. Elle s’achète une blouse bleu ciel à Portero et apprend à tirer à l’arc dans la châtaigneraie qui borde les remparts. La main, plus brune et fatiguée que lorsque les notes ont été manuscrites, cherche la justesse sur le plastique. Le jour où Sothis est visible à l’aube, elle prend la route vers l’Est. Elle rencontre Petit Thom et Stefan dans le lit asséché d’une rivière. Le *6 de la saison verte, elle apprend de la bouche d’un camelot qu’Alain le Roi Réglisse est vieux et malade. Elle écrit une longue lettre à ses parents, la met en bouteille, la jette aux égouts. On lui vole son éléphanteau une nuit de beuverie. Elle perd un doigt lors d’une chasse au tigre. À Mariposa, elle réunit autour d’elle un groupe de fanatiques désœuvrés, puis s’éclipse avec le trésor. Elle traverse la mer de Tyrie. Elle traverse la mer de Cantha. Elle traverse la mer d’Elona. Le velouté du papier que caresse la main lui donne le ton qu’il aimerait donner à cette histoire. Elle marche trop pour ne pas voler des chaussures de grande qualité. Elle connaît par cœur la majorité des poèmes de Varesh Ossa et de Kunaavang. Envieuse, elle regarde les aigles voler au dessus de Kamadan. À vingt-neuf ans, elle décide de devenir reine.

A propos de François Tastet

J’ai trente-deux ans et j’enseigne les sciences naturelles à Paris. J’ai grandi dans la région bordelaise, près de l’océan. C’est la discipline de fer dont j'habille ma pratique de l’écriture qui apaise mes démons, règle mes journées et me fait voir le beau. Pour écrire, il me faut : lire, aller au cinéma, marcher seul loin de la ville et savoir mon corps capable de mouvements compliqués. Certains de mes textes ont été édités dans des revues à très petit tirage. Je brouillonne dans des cahiers d’écoliers dont on peut consulter certaines pages ici https://cahierdetravauxpratiques.notion.site/Cahier-de-travaux-pratiques-v-2-711e5b0ec46f45889271102f9b69e8e8.

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