Il a dix ans en chemise blanche et short beige et court, il sourit. A qui ? Pourquoi ? Est-il heureux ? Quelles sont ses pensées ? Je ne le sais pas, je ne suis pas encore née.
Il a bientôt soixante-dix ans, vit seul dans une grande maison et ne veut plus être photographié, la dernière fois que je l’ai fais, il n’a pas voulu voir le résultat.
Alors que j’écris ces mots, ma main ne tremble pas mais si lui écrivait, saurait-il le faire sans raturer ?
Il a vingt ans et vient de se marier, il est beau, rayonnant, journaliste, et l’avenir devant lui. Je ne viendrai au monde que deux années après, la première de la fratrie.
Il a près de quatre-vingt ans, ne voit plus personne de la famille en dehors de moi. Ma main ne tremble pas à ces mots, il y a des choix qui ne s’expliquent pas.
Lorsqu’il a entre trente et quarante ans, il adore danser, faire la fête, voir des gens. Je me souviens encore que c’est lui qui m’avait emmené dans ma première boite de nuit parisienne, j’étais une ado et il m’avait appris à danser, c’était le bon temps.
Il a cinquante ans et sa femme le quitte. Je le retrouverai certains soirs à pleurer devant des films romanesques mais jamais nous ne parlerons de ce qui vient d’arriver.
Il a deux ans, est le troisième d’une fratrie mais a t’-il été désiré ? Sa mère a toujours été un mystère. Génération, éducation, secrets non avoués, nul ne le sait et ne le saura jamais.
Il a entre cinquante et soixante ans, ne travaille plus et me présente un défilé de petites amies. Certaines ont mon âge mais que puis-je dire ?
Ma main ne tremble toujours pas, je reste étonnée de l’acceptation de tout ceci.
Un petit salut Clémence. C’est vrai que c’est surprenant tous les actes que nous avons acceptés, les mots que nous avons dits sans tiquer. Bonne journée.
Merci Bernard, au plaisir de ta venue, bon dimanche.
Touchée par ce texte et par la finesse de prise en compte de la consigne.., merci !
Merci Isabelle, votre message m’a rassurée, je pensais que j’étais passée à côté et ne suis pas encore certaine d’avoir tout saisi. Mais ce n’est pas grave, le plaisir d’écrire l’a emporté. Merci pour vos mots et votre regard.
Très beau cet entremêlement Clarence!
Merci Isabelle, bon dimanche.
Touchée!
Merci Catherine.
accueillir ce qui est là, sans jugement…une sacrée expérience de tous les instants. Même si parfois on en tremble… Merci beaucoup!