#anthologie #10 | bord du lac

il a trente six ans, 1962. La guerre d’algérie tire à sa fin, il faut des bras pour la gérer cette fin. Il en est. Il y est quand les attentats de l’OAS, pour le départ des réfugiés. Il rentre il est défait. Tu as du en voir, guerrier-héros du non dit. Il a trois ans, son père meurt. Trois ans c’est pas vieux, ça ne lui a pas laissé beaucoup de temps pour se faire une image d’homme. Lui reste son grand-père. Elle a vingt huit ans il a vingt cinq ans, leur premier enfant nait. Ils habitent au bord de l’océan, soixante treize ans que son corps s’en souvient. Il a presque quarante ans, les demoiselles de rochefort, il est peut-être fier d’être de là, il trouve peut-être bizarre ces gens qui chantent pour demander l’heure, sur la place colbert elle se rêve peut-être françoise dorléac. Il a trente six ans un matin le soleil disparait, les chiens aboient, les coqs cocottent l’éclipse totale. Il a soixante treize ans, il traficote ses souvenirs pour s’inventer une généalogie héroïque. Ils ont quoi, trente cinq-trente six ans, vivants solaires au bord d’un lac du côté de tananarive, si ça s’emporte au cimetière tant de beauté, attendez moi.

A propos de bernard dudoignon

Ne pas laisser filer le temps, ne pas tout perdre, qu'il reste quelque chose. Vanité inouïe.

4 commentaires à propos de “#anthologie #10 | bord du lac”

  1. Bernard, oui, nous sommes pétris de ces souvenirs et peut-être même lourds d’un poids qui ne nous appartient pas… merci pour ce texte (j’ai envie d’une suite !).

    • Merci Marlen. Une suite, peut être mais je ne prends même pas le temps de répondre aux commentaires sympas !

  2. .. Chanter pour demander l’heure… il est 19h57… un 30 juin 2024…chanter pour continuer la route, parce que oui  » il y a tant de beauté ». merci beaucoup