Elle avait pris la décision sur un coup de tête, ou plutôt, la décision s’était prise d’elle-même sur un coup de tête, la décision ne l’avait pas consultée, c’est ça, la décision s’était décidée toute seule dans son coin sans la consulter,
pourtant maintenant, il lui apparaissait que ce n’était pas une si mauvaise décision que cela, c’était peut-être la décision qui s’imposait,
mais quand même, être impulsive à ce point, c’était impensable ! comment pouvoir se faire confiance pour quoi que ce soit, si on n’était même pas certaine qu’une partie de soi n’allait pas prendre une décision comme ça, sans consultation de l’instance de décision centrale ?
enfin c’était surtout à se demander s’il y en avait une, d’instance de décision centrale, à bien y réfléchir, peut-être le Moi n’avait-il qu’un pouvoir illusoire ?
en y repensant, dans les mois qui avaient précédé la décision, il y avait eu tous ces rêves étranges, où la décision était déjà prise, où elle se voyait dans son nouveau cadre de vie, dans ses rêves la décision était prise, c’était fait, et puis maintenant c’était devenu réalité,
parce que oui, cette décision était irréversible, ça c’était sûr, on n’en revenait pas, d’une telle décision, c’était sans appel, il n’y avait pas de retour en arrière possible, c’était pour la vie,
c’est pour cela que cette décision si impulsive lui faisait si peur, en repensant, elle ne parvenait pas à s’expliquer cette impulsivité,
oui c’était pour la vie et les conséquences se paieraient pour tout le reste de sa vie, rien ne serait plus pareil,
enfin c’était le but quoi, on décide de changer de vie et on change de vie et puis c’est tout et on assume non ? mais quand même, c’était soudain, elle ne l’avait pas vue venir cette décision, et brusquement elle s’était entendue proposer de le faire, et puis en face ils voulaient bien – ils n’attendaient que ça ! – et voilà, c’était lancé, impossible de faire machine arrière,
ce n’était pas que la vie d’avant était si chouette, ah non elle n’était pas chouette, mais maintenant elle n’existait plus cette vie, et c’était sans appel, et c’était bien ça le problème,
elle n’arrivait pas à s’en remettre, de cette décision qui s’était décidée toute seule dans son coin sans la consulter.
Magnifique ! Une rumination de futur ou l’inverse. Le temps tourmenté et nous on suit !
Merci Catherine, je vais vous lire de ce pas !