le jour où j’ai pris le chemin opposé n’est pas encore arrivé ;
il se peut que le jour où j’ai pris le chemin opposé se présente à moi tous les jours et je ne le remarque plus, comme une habitude, comme regarder dehors sans vraiment regarder ;
il se peut aussi que le jour où j’ai pris le chemin opposé soit un jour lointain, très lointain, qui me fait encore tressaillir de joie aujourd’hui, mais qui se rapporte à quelqu’un d’autre que moi,
quelqu’un d’une inconscience folle, sans rien à perdre, tout à gagner, car on ne pense pas à gagner quand on prend le chemin opposé, on pense uniquement à prendre le chemin opposé, court ou long, peu importe, ce qui importe c’est qu’il soit opposé, je l’ai déjà dit ( la preuve que je ne prends plus depuis longtemps le chemin opposé c’est que je répète souvent la même chose) ;
oui, ce jour-là j’ai pris le chemin opposé, et je n’ai aucun regret de l’avoir pris,
mais, quand on reste trop longtemps sur le chemin opposé, il n’est plus opposé, il devient tout simplement un chemin comme tant d’autres ;
il faut, d’une certaine manière, trouver l’opposé de ce chemin, cela devient crucial, une manie, comme celle de ne jamais avoir les poches vides ;
attention à cette manie de ne penser qu’à prendre le chemin opposé, disent les gens sages, et je les écoute, tout en regardant dehors, à l’affut d’un détour de chemin qui serait opposé, attention, disent-ils encore, tes poches sont trop pleines, et je veux bien être d’accord avec eux, même si je ne sens de lourdeur ni du côté droit ni du côté gauche, juste un gros poids sur le cœur de ne pas encore avoir vu ce jour immensément bleu
« mais, quand on reste trop longtemps sur le chemin opposé, il n’est plus opposé, il devient tout simplement un chemin comme tant d’autres ; » CQFD !
Merci, Catherine !
finalement on se demande si toi ou le personnage a fini par le trouver, ce chemin opposé
tu nous fais tourner la tête ! mais on n’est pas plus avancé !
merci pour ce texte finalement très drôle et très touchant…
Merci, Françoise ! J’ai beaucoup aimé la phrase, je l’ai donc tournée dans tous les sens.
Mais c’est tellement beau, merci Helena.
Ces chemins que l’on ne prend pas, que l’on ne veut pas voir, ou que l’on a déjà pris. Et j’y ai vu une résonance avec ta petite bio sur l’idée de changer de métier de professeure et de déménagement. Mais cela n’a peut-être rien à voir 😉
Oh, si Clarence, tu as deviné juste ! C’est pour cela aussi que ton texte m’a autant plu !
J’ai aimé le rythme du texte, sa musique.
Merci, Betty ! Contente que cela vous ait plu !