ça avait commencé depuis quelques jours dans ma tête, dans ma tête ça disait ce n’est plus possible, je ne peux plus continuer comme ça, continuer à vivre ça, cet enfermement à deux, ce naufrage de l’amour, ces enlacements permanents, étouffants, ce déluge de moments heureux, je voyais bien comment ça allait finir, mon téléphone qui vibrait sans arrêt je l’avais éteint,
et quand le jour s’est levé je me suis quand même préparée, habillée, maquillée, coiffée, même si ça beuglait toujours dans ma tête de ne pas y aller, de dire que je renonçais, que je n’y croyais plus, que je ne voulais plus de ce mariage mais il aurait fallu que je trouve les mots, que je ne sois pas lâche, que je parvienne à lui dire non en face, et ça, ce n’était pas possible, alors je me suis quand même mise en chemin vers la mairie, je la voyais à 300 mètres au bout de l’avenue sur la place, et j’ai bifurqué d’un coup,
c’est mon corps qui l’avait décidé, dans ma tête je n’en aurais même pas eu la force, j’ai fait marche arrière ou plutôt au premier croisement j’ai pris la rue à gauche, mon corps me guidait et me faisait partir à l’opposé de la mairie, à l’opposé de ce mariage qui plaisait tant à tout le monde, j’ai marché vite même si dans ma robe serrée je ne pouvais faire que des petits pas, mes petits pas me guidaient et finalement ma tête a suivi, j’étais d’accord avec mon corps d’avoir bifurqué, renoncé, fuit, fuit vers autre chose, sans savoir vers quel autre scénario d’ailleurs sans réfléchir, mon corps ne me donnait pas d’autre choix et mon mental ne pouvait plus se soumettre à d’autres choix que les miens et dans la rue, en marchant vite à petits pas, je respirais à nouveau et j’allais maintenant tout droit, je sortais de la ville, j’avais dénoué mon chignon et j’étais montée dans le premier un taxi qui passait libre
Je me questionne encore sur ce que je vais bien pouvoir choisir comme « chemin opposé », et je vous lis ! Une nouvelle en trois paragraphes, bravo !
Merci Marlen !
merci d’avoir ouvert le bal !
j’aime ce mouvement, cette décision prise avec les pieds :
« c’est mon corps qui l’avait décidé ». Réussi !