anthologie #08 | Wenn et le loup

Je tire le tiroir, il y a ma culotte. Je tire la poignée du tiroir, il y a mes chaussettes. Je tire l’autre tiroir, c’est le pyjama, je prends le pyjama, je glisse la jambe, je glisse l’autre jambe, j’enfile le haut. Il est bleu en bas et il est blanc en haut. La maille serrée du coton est aussi épaisse. Je pousse le tiroir au pyjama. Je pousse le tiroir aux chaussettes. Je pousse le tiroir aux culottes. Mais là, non non non, on n’ouvre pas. D’ailleurs on n’a pas la clé. D’ailleurs on ne sait pas où est le tiroir à clé. Le tiroir qui est juste là entre deux autres tiroirs. Non non non, nul ne sait que se situe là, dans le tiroir à clés entre les autres tiroirs, que se situe là, la clé, la clé qui ouvre la serrure de la porte là, de la porte que l’on n’ouvre pas, comment le pourrait-on puisqu’elle est fermée à clé et que l’on n’a pas la clé, cela n’est pas une option et l’on tire alors le tiroir aux livres, le livre avec les trois cochons, les trois cochons et leurs trois maisons, pas bien solides à vrai dire, que l’on fait bien de lire, le livre aux trois cochons comme l’on a fort bien fait de mettre son pyjama et de ne pas penser, absolument pas, de ne pas penser à ouvrir la porte juste là dont on serait bien en peine croyez moi de trouver la clé, heureusement clé bien cachée pour conserver porte celée, et l’on est bien mieux avec ce livre, et cette histoire, lue, relue, lue, relue et ce livre aux coins mâchonnés à attendre le loup, fort heureusement l’on sait le loup peu armé pour s’en prendre aux maisons en brique, on est donc au fond bien en sécurité puisque cette chambre après tout n’est ni en paille, ni en bois, mais bien entourée de murs de briques, si bien qu’au fond, on pourrait bien, sans prendre trop de risques, tirer discrètement sur la poignée du tiroir, celui-là, entre les autres tiroirs, en extirper la clé, et ouvrir la serrure de cette porte, porte qui conduit de cette chambre où l’on ne craint rien à…