c’est bizarre, me dis-je ; il semblait que la porte avait glissé de quelques centimètres sur sa droite et qu’elle s’était soulevée – oh, mais de presque rien. Quelqu’un qui n’aurait jamais dormi là ne l’aurait sûrement pas remarqué. J’aurais pu aller chercher un mètre pour vérifier seulement mes pieds avait rétréci et j’avais peur en me levant de perdre l’équilibre. Il ne faut surtout pas le prendre contre toi, me dis-je en tirant de dessous mon lit le petit revolver qui me venait de mon père. À travers le viseur, quelque chose bougea
c’est bizarre me dis-je – c’était comme s’il n’y avait jamais eu personne derrière la porte : pas de lueur, ni grattement ; pourtant les éboueurs étaient passé à six heures ; c’est surement à cause du chat, me dis- je ; le chat de la gardienne passait par le tuyau d’évacuation des eaux et il entrait dans ma chambre pour boire mon lait, j’avais pensé l’étrangler mais, à cause de l’augmentation des charges, j’avais laissé tomber l’idée; à présent je jouais à la pelle avec lui
la porte s’ouvrit, Carl entra suivi de Carl, il traversa la chambre ; c’est bizarre me dis-je il ne m’a pas saluée ; ça m’arrangeait je dois dire, parce que la veille le chat avait mangé mon chapeau
c’est bizarre me dis-je, j’eus à peine le temps d’y penser, la porte sortit de ses gonds
hier en m’asseyant dos au mur bien calée pour éprouver la page avant de la jeter, elle était là, derrière la table, en filigrane . Longtemps qu’on l’avait condamnée et depuis maintes fois repeinte jusqu’à l’effacer; la porte qui donnait sur l’autre porte, celle qu’on n’ouvrait pas sans avoir d’abord fait tinter la petite cloche de verre. La cloche tinta : je pensai à ma mère, à ce qu’elle m’avait dit en refermant la porte de sa chambre
Ca sent les matières oniriques… difficile à traiter pour moi, et pourtant j’essaye souvent, merci de chercher, là, ça m’ouvre quelques débuts de pistes
les fragments de K m’emmènent là ( un endroit où je cherche comme ça vient dans les textes courts dits nouvelles que j’écris parfois) Merci Lisa si j’ouvre un peu. Merci de ta lecture.
Un conte noir. Merci Nathalie
J’adore : « Carl suivi de Carl » et le trouble qui s’introduit. Et l’enquête successive de « c’est bizarre (…) c’est bizarre (…) c’est bizarre (…) » nous embarque. Merci Nathalie
Merci Elise, merci Nolwenn belle journée à vous.
Merci Nathalie. Vous ouvrez beaucoup. Et les portes sortent même de leurs gonds. Hâte d’en lire plus.
je ne sais pas ce encore qu’on peut faire de la colère d’une qui n’existe plus … Merci Ugo
Texte aussi intriguant qu’ inattendu ! On a vraiment envie de savoir la suite . Un tantinet surréaliste, j aime beaucoup : Carle suivit de Carl (….) mon chapeau ….
Un autre monde, une autre dimension, l’entrée dans un ailleurs: c’est déstabilisant à souhait…
Moi aussi j’adore, l’histoire est prête à dégoupiller. J’entends la petite cloche de verre qui tinte sans cesse… Merci Nathalie.
Carole, Solange, Jean-Luc merci de vos lectures ( ces portes sont si reposantes )
Que c’est beau ! Quelle liberté créatrice, Nathalie ! La fiction est ton domaine et chance à nous qui te lisons !
Merci merci Helena ( domaine je ne sais pas refuge sûrement …) touchée vraiment