Je l’ai déjà raconté, Franz me fatiguait avec son envie perpétuelle de faire des travaux dans notre appartement. Très régulièrement, il trouvait quelque chose qui n’allait pas, en fait quelque chose qui ne lui allait pas, ce jour-là ou cette semaine-là ou ce mois-là. La porte d’un placard qui grinçait chaque fois qu’on l’ouvrait ou encore qui ne s’ouvrait pas assez grande quand il voulait ranger sa perceuse ou sa fameuse scie à métaux et à rallonge dont il était si fier…. Je ne compte plus le nombre de fois où il a rénové une pièce qui n’en avait pas besoin et ceci du sol au plafond : réfection complète du plancher, isolation des murs, modification du circuit électrique de sorte qu’aucun d’entre nous ne savait où brancher les lampes. J’avais cependant réussi à préserver un espace à moi, celui d’un petit secrétaire qui était exclusivement et seulement à moi. Il venait de chez mes parents et bien avant de chez mes grands-parents. Je me souvenais l’avoir utilisé lors de mes préparations bien lointaines au bac. Avec mes sœurs, nous en avions déniché petit à petit tous ses tiroirs secrets et je continuais de les utiliser. J’avais pris la mauvaise habitude de fourrer tous les papiers qui n’étaient pas urgents dans le tiroir du dessus. Hier, malheureusement ce tiroir a craqué sous son poids et j’ai dû appeler Franz pour m’aider à le soulever et le remettre en place. C’est à ce moment-là que tout au fond, avant de reglisser ce fichu tiroir à sa place, nous avons aperçu une porte sous le papier peint.