Elle aime bien le soir rester longtemps dans sa chambre, une grande pièce blanche, meublée façon campagne, très classique avec une armoire à glace, une commode et deux tables de nuit imitation bois ancien vernis assez dépouillée, une grande fenêtre avec ses rideaux blancs, la petite table tout à côté où s’empilent les livres. Elle s’y repose de la journée. Depuis une heure déjà, elle lit et vient d’allumer la lampe, ses yeux fatiguent ce soir, elle est gênée dans sa lecture, ses yeux clignent, –Ils ont encore enlevé la clé de l’armoire– elle se lève regarde ne trouve pas, se penche, –mais qu’est-ce qu’ils ont fait– elle se redresse d’un coup, –qu’est-ce qu’ils ont mis derrière l’armoire–sa colère commence à monter, elle tire un peu sur le meuble fait un pas en arrière, et stupéfaite, elle voit derrière cette armoire ce qu’elle n’aurait jamais imaginé, un petit coffre-fort avec une clé encastré dans le mur, et tout à côté une une porte, elle cligne des yeux mais voit très bien la poignée de cuivre et très distinctement l’encadrement de la porte, elle s’imprègne lentement d’une terreur insupportable, jamais elle ne pourra oublier cette forme blanche branlante et courbée qu’elle aperçoit, se secoue, ne voit plus mais elle l’a vue, se secoue recule et tombe en arrière, accompagnée d’un spasme rapide comme si la mort venait de fondre sur elle.