On est en juillet. Comme alors. La maison rouge est vide. Elle ne dort plus dans le lit de camp qui a disparu depuis mais dans le grand lit. Absolument seule dans le silence de la maison rouge. Le halo de la lune fait briller la poignée toute ronde en cuivre de la porte mitoyenne avec l’autre chambre. Elle ne dort pas dans la torpeur des nuits de juillet. La fenêtre est ouverte mais pas un brin d’air. Elle a soif du jardin. Alors elle se lève, tourne le rond de la poignée et son rayon de lune, ouvre la porte doucement comme s’il ne fallait pas réveiller l’arrière-grand-mère et la grand-tante, et comprend sous le pied nu que quelque chose ne va pas. En lieu et place du carrelage, un seuil de porte et la sensation bien connue du linoleum. Elle reconnait immédiatement non pas l’autre chambre de la maison rouge mais celle de la rue de l’église. Qui fut celle de son père enfant. Chambre de petites vacances aussi. Carrée. Pas très grande. Peu d’espace vacant. Occupée par un grand lit deux places au couvre-lit rouge. Elle reconnait tout. A droite du lit, une table de nuit. A gauche, la grande armoire en bois avec la porte qui grince. Elle frissonne. Malgré la chaleur. Dans le prolongement de la table de nuit, en face d’elle donc, en lieu et place de la deuxième porte qui aurait dû s’ouvrir sur la petite terrasse abritée de la maison rouge, et sur le jardin, une grande fenêtre à travers laquelle elle devine dans le halo de la lune le parterre de gravillons gris entouré d’une barrière blanche, pas très haute. Tout est là. Intact. Elle croit même entendre l’heure sonner au clocher de l’église, comme alors quand les heures s’égrenaient les nuits sans sommeil.
(magnifique)
Merci Piero ! De ces adjectifs qui donnent envie de continuer et de tenir !