Depuis hier, j’héberge Daphné. Chassée brutalement par sa logeuse anglaise, elle s’est retrouvée à la rue. Daphné gardait les deux chiens de l’anglaise en échange d’un toit dans une villa sur les hauteurs d’Eze. Mais lorsque l’un des chiens est tombé malade, Daphné a proposé de le soigner, l’anglaise a refusé, le chien est mort, et Daphné s’est retrouvée dehors. Daphné n’est pas très claire dans son récit ; tantôt elle est victime d’un coup sur sort tantôt, elle donne à cette déconvenue un caractère édifiant aux significations karmiques. Elle m’a dit développer sur Instagram, un business de « Quantum Healing ». Je comprends qu’elle dispense à quelques âmes perdues des conseils de bon sens habillés d’un prêchi-prêcha chamanique. Je lui ai proposée un refuge temporaire chez moi. Je n’étais pas sûre qu’elle ait accepté ma proposition mais elle a débarqué ce soir avec sa valise. Je lui ai cédé ma chambre et me suis installée dans le salon. Derrière la porte vitrée, je l’entends parler. Elle évoque une femme qui lui aurait fait comprendre l’importance de savoir s’adresser aux bonnes personnes. Cette femme, c’est moi. Elle recycle notre banale conversation de ce soir pour son sermon. Son monologue terminé, elle sort, sapée et maquillée. « A date » dit-elle. Je m’endors et crois l’entendre rentrer une heure après sans en être certaine. Ce matin, je me suis réveillée et ne sais pas si elle est là derrière la porte ou pas. Je n’ose pas aller vérifier.