La pièce où venaient d’entrer les deux personnages était une petite chambre avec son lit au milieu et une table de chevet. Le lit était défait, une couette recouverte d’une housse à motifs bleus retombait sur le sol comme un peintre aurait installé un drapé dans une scène de nature morte. Contre le mur, il y avait un tableau, un paysage simple, sa présence semblait plus importante que ce qu’il représentait. Au sol était un tapis en guise de descente de lit, il y avait aussi là une paire de chaussons et des mules alignées les unes à côté des autres avec soin comme si l’un des personnages avait eu quatre pieds. Un peu en retrait dans le même espace, sur le côté gauche de la chambre, un homme assez grand se tenait debout. Ni lui ni les deux personnages ne se regardaient ou n’interagissaient. Entre eux était une porte. Une porte sans murs. Une simple porte blanche dans un encadré, maintenue au sol de chaque côté par deux trépieds. Mais il n’y avait pas de murs qui auraient prolongé cette porte. Elle tenait ainsi au centre et pouvait faire penser à un échafaud. L’un des personnages assis sur le lit après avoir marmonné quelques mots se levait et se dirigeait vers la porte avant d’être retenu par le personnage resté assis sur le lit qui semblait lui conseiller de faire attention. Il s’approchait de la porte lentement, tendit l’oreille ; l’homme derrière la porte se retourna et du poing allait frapper quand l’autre ouvrit la porte jusqu’à ce qu’elle ne soit plus de profil, mais de face. De chaque côté de l’encadré maintenant vide, leurs deux profils devant la porte ouverte se firent face. Le premier dit à l’autre : monsieur, vous ne pouvez pas rester là, c’est une propriété privée.