Des couleurs et des bruits me tirent par la main, m’entraînent dans une cavalcade, me serrent les poignets et je tourne de plus en plus vite, autour de moi en mailles serrées un pagne de lumière. Le bruit stoppe, c’est à peine le matin, la lumière est blanche, je me tiens devant une porte que je n’ai jamais vue. Une entrée de boutique, sombre dans une ruelle derrière le port. J’écarte sans hésiter un rideau de perles, une femme assise sur des cousins reste absorbée dans sa pensée, elle ne me regarde pas. Les perles du rideau vibrent d’un soupir presque humain, j’y repasse la main sans y penser, une caresse sur les tombées et la plainte harmonieuse renaît. La vieille se tourne et ouvre les bras, elle m’invite à voir autour d’elle ce qui semblait seulement des ombres, ce sont des arbres d’où émergent des femmes, à moins qu’il ne s’agisse de l’inverse, une ligneuse transmutation de chair et de vie végétale. Je pose la main sur une épaule éclairée par un rayon de soleil à travers un trou rond dans le mur. Qui de l’arbre ou de la femme s’est métamorphosé. La vieille au visage d’oiseau se met à psalmodier dans un écho de voix rauque, les lignes de bois guide mes doigts aux creux interrompus par la rugosité d’un repli d’écorce. Sans cesser son chant de gorge, l’étrange femme vêtue de jupes superposées et d’un haut révélant sa peau mangée de soleil se lève et va vers une table couverte de vaisselle, dans un bol évasé elle verse un liquide, prend une gorgée, puis me tend le récipient, ses yeux dans les miens, ma main libre dans la sienne, elle embrasse le bout de mes doigts, ses cheveux attachés d’épingles penchés sur moi, le liquide alcoolisé me brûle la gorge, la chaleur enfle, je dois partir, m’éloigner de la magie sombre de la vieille, de son parfum et de son rire. Je m’arrache à la femme, lui rend son bol vide, la porte semble disparue, je la traverse étrangement, je suis dehors, je me mets à courir.
Cette apparition nous saisit, nous fait perdre pied et nous envoûte ! Les effets visuels sont superbes !