#anthologie #07 | phares et réverbère

La lumière des phares s’insinue la nuit dans les vides du volet. On décèle un rythme plus qu’on ne distingue les éléments brièvement éclairés de la chambre. Lumière mobile, jaune plus ou moins blanche, qui s’annonce de loin dans l’encadrement de la fenêtre et se précipite presque soudainement sur les étagères de la bibliothèque et le long du mur jusqu’à l’armoire. Puis disparaît, absorbée. Toutes voitures différentes, mais trace lumineuse identique. Et ce n’est que lorsque la circulation automobile se tarit, que la lumière du réverbère illumine malgré tout. Au point de nous déranger, même. Jusqu’à une heure avancée de la nuit, on ne la percevait pas. Elle n’avait pas le temps de s’installer. La danse des phares obscurcissait la chambre entre deux passages. La lumière orangée du réverbère est insistante. Elle s’impose à tel point qu’on peut distinguer les contours et reconnaître les objets. Compagne de l’insomnie, elle nous invite à ouvrir le volet et à entamer avec elle une sorte de dialogue. Les pieds nus sur le carrelage de la chambre. Le réverbère planté dans le bitume de la rue.

A propos de Pedro Tarel

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8 commentaires à propos de “#anthologie #07 | phares et réverbère”

  1. Il faudrait chercher dans la mémoire, mais oui je connais bien sûr cette lumière des phares la nuit dans la chambre, et le réverbère et l’insomnie! Merci de l’avoir si finement écrite, et fait revenir, cette mémoire (collective?).

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