Je suis dans cette maison extraordinaire, sur le canapé du salon. Tout ici m’est encore inconnu et l’accumulation des œuvres ne va pas aider à lever le voile. Le soleil use le tapis et y découpe les ombres de statues. Les terres cuites retrouvent, un peu chaque jour, la chaleur qui leur a donné, dans des passés et des endroits que j’imagine lointains, leur forme définitive. Dans une heure, il est sûr que ces statues ne me paraîtront pas si blanches. D’autres, en bronze, restent à l’ombre. Le soleil progresse sur le tapis. La tranche d’un livre brille maintenant ; il s’agira d’aller y voir. Je vis dans un trésor ici. Dans le trésor qu’on a en tête lorsqu’on imagine un trésor : les pièces dorées, les rubis, les émeraudes, les saphirs, les colliers de perles ; ça dégueule du coffre, ça étincelle en étoile. Déjà, les argiles s’ocrent, se grisent. L’orange des fauteuils se ternit. Je fatigue. Le soleil est à la lisière du tapis.