Je n’aime pas les volets fermés. Alors ils sont ouverts. J’ai mal aux jambes. C’est que j’ai trop marché. Parfois, j’ai été portée. mais ça n’est plus si souvent. Les rideaux sont tirés. Dehors il y a du vent. Sur le mur, se dessine l’ombre d’une branche. On croirait les jolis croisillons d’une toile d’araignée. Il ne fait jamais noir. La chambre est traversée de jaillissements multicolores, comme l’oeil sous la paupière. Il y a la nuit des fées aussi des lucioles. On dit c’est bien mieux que les monstres. On dit regarder les fées, ça les aide à voler. Je me concentre pour les tenir en l’air. Les lueurs fusent. L’une monte du parquet, l’autre est au-dessus du radiateur, une troisième évanescente flotte juste sous le plafond. On dit regarder les fées les fait danser. Je garde les yeux ouverts. Les jets de lumière virevoltent et se brouillent. Elle sont de plus en plus nombreuses. En tendant l’oreille, je perçois le froufrou de leurs ailes et les craquements du parquet. On dit c’est le gros chat qui se mordille les griffes et qui revient parfois. Je me réveille. Les rideaux sont ouverts et la fenêtre dans la chambre noyée de soleil. Les lucioles ont gagné.
4 commentaires à propos de “anthologie #07 | Les insomnies de Wenn”
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Merci pour ce beau texte (pardon, je suis nulle.en commentaires élaborés)
Et moi je suis nulle en textes élaborés, alors on se trouve bien là où on est.
(on ne les voit qu’en fermant les yeux – on les entend – on les sent – elles sont là) (tout à fait oui)
comme les moustiques