Manquent l’élan, l’entrain du moi, de la musique, de la lecture, de la rêverie, du rien, des ruminations franchissant la frontière des heures. Manquent le changement de cadre. Maintenant que les heures du jour sauf la contrainte des ouvertures de magasin et de mes rares rendez-vous, ont conquis cette liberté qui leur faisait défaut, la lecture par goût, l’écriture conquise y trouvent leur place, à des moments variables, au gré du flux des idées et d’un vague programme, laissant le terrain, sauf spectacle, pour les entrées dans la nuit, l’attente du sommeil, à des petites dérives imbéciles. Manque la césure de la lumière |l’épaisseur des murs, la modestie des ouvertures de l’antre, qui interdisent aux variations de température subies par la ville de se manifester avec violence, me contraignent presque toute l’année à vivre à la lumière artificielle. Pourtant vient un moment où le panneau de bois du volet intérieur qui reçoit la lumière en biais s’enfonce dans un caramel un peu plus sombre, où l’écran se détache plus nettement sur la pénombre, où j’allume la lampe posée derrière moi sur un coffre à la tête de mon lit, pour retrouver l’équilibre des presque lumières. L’heure où la soif m’amène dans la cuisine pour boire le fond du mug de thé abandonné sur la paillasse, accueillie par la nuit qui règne derrière les vitres de la porte fenêtre, maintenant que la chaleur ne m’oblige pas encore à tenir les volets à demi fermés toute la journée. L’heure où les pensées du jour, pour personnelles qu’elles soient, glissent et me laissent vacante, où je crois sentir mes bras, ma nuque, se détendre un peu, où instinctivement je change de lecture, de musique, d’humeur.
3 commentaires à propos de “#anthologie #07 | l’arrivée de la nuit dans l’antre”
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On se laisse embarquer dans les nouveautés de votre temps… sans lassitude, merci
là c’est vraiment trop gentil… ne venait pas, mes mains faisaient n’importe quoi et me suis abrutie pendant près de deux heures… pas fait billet du jour Paumée et m’en vais à une réunion.. n’était pas mon our (rire)
« retrouver l’équilibre des presque lumières » !
ça c’est bien toi…