mardi 24
En dessous des tâches et des notes d’intention, savoir qu’une route s’est activée. La matière s’approche. Elle décidera sans moi d’arracher l’écriture au temps et à l’espace. Elle est dans un train, personne n’est au courant — maintenir les épaisseurs du quotidien dans leur ignorance. La sentir sans l’attendre. Croire qu’elle arrivera à l’improviste, qu’elle n’arrivera pas. Lui faire de la place, l’air de rien ; être efficace, décharger la machine à tâches, être contente de soi. Éviter, autant que possible, l’inquiétude. La voilà. De l’extérieur on ne voit pas la différence. Car tout doit être semblable. Le tournant décisif ne doit pas parader. Elle visite. Chaque minute gagne en souplesse, chaque minute choisit d’exister ou non. Grâce à elle, le temps a le choix. Merveille. Surtout, ne pas le crier sur les toits. Tout est normal. Elle s’installe. Les gestes, la musique du clavier, la position du corps sont identiques. La lumière est la même, mais l’oeil est passé de l’autre côté ; il a bifurqué dans ses mémoires de la lumière. Il ignore comment. Ce que l’oeil a vu, ce que le corps a senti, tout est rassemblé en pâte. Elle grandit, appelle ses formes, demande à être malaxée. Ici, la lumière a le droit de jouer; c’est un chien, un cri, une flaque. Elle a tous les droits.
j’aime beaucoup cette idée de la matière qui arrive sans bruit. Il ne faut pas le crier sur les toits… «Tout est normal.»
« La lumière est la même, mais l’oeil est passé de l’autre côté ; il a bifurqué dans ses mémoires de la lumière. » L’écriture arrive !
Beau texte.
il y a beaucoup d’animaux dans nos attentes de nuits, loup chat souris, le chien joueur.
une texte sur la matière de l’écriture au travail par la lumère, c’est très beau.
« Ce que l’oeil a vu, ce que le corps a senti, tout est rassemblé en pâte. Elle grandit, appelle ses formes, demande à être malaxée. Ici, la lumière a le droit de jouer; c’est un chien, un cri, une flaque. Elle a tous les droits. »
Tant mieux et merci !