Du matin tôt, et de ce que le store baissé aurait à dire. La mort d’une tourterelle cette nuit, son sang sur les cailloux. Le jaune de la fleur de suzanne pas encore né. Et les vibrations d’un moteur allumé s’infiltrent en tremblements infimes en soi et disparaissent avec le bruit évaporé en point de fuite. Compter sur ce qui est tout près. L’aplat du meuble et du mur réunis, le relief étant inconnu. Le triangle du tiroir ouvert. La conscience cherche à tout regrouper autour d’elle comme une vieille femme qui cherche à regrouper les choses, à les ramener contre elle, les rassembler comme elle rassemblerait sa jupe sur ses cuisses pour traverser de l’eau. Après la traversée, pas de retour possible, tout vient dans le présent de l’évidence. Les sensations à la surface des nerfs, faim et soif, et douleurs, les gestes premiers qui veulent organiser, se lever, déplacer, porter, ranger, faire et refaire, et puis, de plus en plus profond, le sens, les inquiétudes du sens, et les pourquoi, décisions imparables, et faiblesses vaillantes, et ce qu’on suppose avoir à nier pour continuer, les approximations en vue d’un but. Je suis la main qui tâtonne dans le sac à la recherche de la bonne forme, celle qui correspondra aux bords, mais les bords changent continuellement de ligne, et parfois c’est le sable, et parfois de la lave.
4 commentaires à propos de “#anthologie #07 | formes”
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.
Très beau texte et cette personnalisation de la conscience ❤️
Merci Perle ! (pardon, je n’avais pas vu ton commentaire)
« La conscience cherche à tout regrouper autour d’elle comme une vieille femme qui cherche à regrouper les choses, à les ramener contre elle, les rassembler comme elle rassemblerait sa jupe sur ses cuisses pour traverser de l’eau… » Et « je suis là main qui tâtonne « … entre sable et lave Et le sang d’une tourterelle … les images et la quête. Si fort. Merci
Merci Nathalie !