#anthologie #07 | compte à rebours

Il est cinq heures…le chat vient de me réveiller pour un câlin matinal…coup de tête contre la mienne, pétrissage de ma poitrine et ronron de satisfaction…pendant que sa majesté féline poursuit sans vergogne son rituel, je regarde le plafond tout en caressant distraitement la tête du matou…Désormais bien réveillé, je contemple fasciné les deux rayons lumineux, renvoyés par l’astre lunaire, et qui strient le plafond de la chambre. Ces deux rayons se sont glissés entre deux interstices d’un rideau d’une fenêtre située au fond de la pièce…ces deux rayons, relativement minces, traversent la pièce suivant un angle que j’estime de 30 à 45 degrés…ces deux rayons se rejoignent en un trait de lumière unique à hauteur de la fenêtre suivant un angle d’ouverture plus resserré…peut être un angle de 10 à 15 degrés. Ces deux angles ont-ils un lien? S’agit-il d’un problème de géométrie à résoudre, destiné aux insomniaques? Un de ces rayons découvrent en ombre chinoise, le lustre de la chambre, lui donnant un aspect plus compact et plus petit qu’il n’est en réalité…le matou satisfait, sans un merci s’en est allé, me laissant seul dans ma quête du sommeil…la pièce est silencieuse…seul, le léger bourdonnement du climatiseur trouble le silence de fin de nuit…j’ai l’habitude d’entendre cet appareil et jusqu’à présent je n’y prêtais plus attention…pourtant son ronronnement me paraît plus fort…impression ou perception faussée d’un demi-sommeil sans doute…mes yeux fixent toujours les rayons de lumières qui subrepticement s’élargissent et tendent à fusionner au fur et à mesure que la lumière du jour monte…les rayons ont raccourci…ils ne dardent plus l’intégralité du plafond…ils n’ont plus que la moitié de leur longueur…l’ombre chinoise du lustre a aussi disparu…puisque les angles, la largeur et la longueur ont été modifiés, il devrait être possible de calculer la distance de leur source d’émission… Ce doit être un jeu d’enfant pour les matheux ou les scientifiques mais pour moi c’est au dessus de mes possibilités… les minutes s’écoulent tandis que la pièce s’éclaire progressivement sous l’action du soleil levant…les deux rayons n’en forment plus qu’un seul, devenu de plus en plus indistinct quelque à part à gauche de la chambre dans l’embrasure de la fenêtre…je ne l’ai pas vu disparaître…j’ai dû me rendormir..la sonnerie du réveil programmée du téléphone me tire de ma torpeur…il est sept heures…

A propos de Laurent Damerval

En quête de mots et d'histoires à réinventer