Une inquiétude diffuse me fait plisser les yeux rendant la pièce plus sombre. Assise à mon bureau, je regarde l’immeuble d’en face avec ses quelques pièces allumées, lueurs de jaunes différents, de blanchâtre à oranger, légère projection sur les deux arbres qui nous séparent. J’habite trop bas pour voir la couleur du ciel, il me faudrait sortir la tête de la fenêtre, la tordre vers le haut. J’apprends par d’autres que la lune était pleine la nuit dernière. J’allume une petite lumière sur le guéridon marquetée qui projette des ombres dorées et bleues sur le mur blanc. Elle est discrète et nuance les contours. Dans l’écran noir j’apparais vaguement en miroir. D’un côté des carnets se chevauchent, de l’autre une mini-chaîne muette. Je regarde le chaton jouer et chasser les petits insectes qui tournent autour de la lampe. J’ai l’impression que sa lueur est le foyer vivant de la pièce à partir de laquelle tout se définit. Je cherche la place correcte de mes avant-bras sur le sous-main en cuir noir dont je devine des reflets ténus. Je tends le bras et allume l’ordinateur.