Sola, tori impazziti, i miei pensieri mi travolgono.
Seule. Seul le désir, seul le désir de violence, tout devient nuit, dans la nuit de la solitude je ne tiens plus ma place, je ne tiens plus la place. Tout glisse ailleurs, et je deviens rage, dans ma solitude. J’explose d’une rage enfouie et la rage devient sociale, mandria di tori, mouvement de taureaux devenus fous, devenus foules. Seule dans mes mots, je retrouve mes traces bestiales. Je suis seule.
Désir violent d’écrire violent, d’écrire violence, sans vacarme, ma page devient un champ de bataille, un champ d’extermination, un camp et les mots des enfants violentés, le consentement s’absente des mots, s’absente de mes mots, de mes mots consentis, acconsentis.
Désir violent, d’écrire violence, là où le voile tombe comme le rideau mal accroché d’un théâtre, avec tout son vacarme, et je vois ton visage squelettique, ton visage d’un amour corrigé, toujours repris, d’un amour acconsenti, d’un consentement dû, sans désir, je vois ton désir enfouis, sous le tapis persanes de ton salon de conversation, là où les mites violentent les fibres. Désir violent d’écrire la violence de ces mots vaporeux, de ces conversations au champagne, sans attention tu ne me regardes pas en touchant mon verre, aujourd’hui non plus nos yeux se ne croisent pas, quand se sont-ils croisés nos yeux noisette ?, et tu t’en fuis avec ton désir secret dans ton tombeau, tu détruis à coup de silence, à coup de questions, mitraillettes de ton angoisse policée qui se reverse sur le dos de chat noisette, quand ton regard s’absorbe sur l’écran.
Désir violent de mettre sur ma page d’extermination mon alchimie violente, dans l’impossibilité d’être quand je rentre de l’école et que tu n’es pas là, où es-tu ?
Désir violent de boire tout le lait que tu contiens, de boire tout le lait que tu ne veux pas contenir, désir violent de te boire, de te prendre, de t’attacher à toi-même, à tes conversations, à tes champagnes, à tes mites. Désir violent d’arracher ton sein, d’arracher ton bout de sein, de te massacrer là, quand tu ne consentes pas à mon être sur ton corps.
Je veux écrire avec violence et ne plus jouer aux dames aux talons, ne plus jouer aux mots, te traîner par terre, te chasser de ton salon, te défaire de ta violence et te déchiqueter.
Mon système nerveux n’est plus nerveux, corrigé par des electropercussion, les concerts sont devenus ma salle de choute, dans cette chute là, où mon système nerveux se dégrise.
J’écris violemment contre le vacarme de ta violence. Et ma langue s’échappe par toutes les fissures de ma mémoire et ma langue ne me résiste plus, elle baisse ses défenses, elle baisse ses frontières, elle cède et c’est une défaite. Il ne reste plus traces d’elle.
Je ne peux plus écrire mais seulement boire et mon corps est devenu un réceptacle de pluie et de substances interdites et ma langue est désormais interdite dans ton pays à la préférence nationale, perdue à la place de la Nation, je ne retrouve plus ma langue.
Tout sauf une défaite, ce texte. Quelle force! Et cette montée en puissance de ce désir violent, désir violent d’écrire violence. Vraiment très fort. Merci.
Merci Betty! dans cette noirceur ambiante, l’espace de résistance l’écriture.
Merci Anna. Grand, très grand. Merci.
Ehi, Ugo, grazie a te per la lettura!
Je me dis que depuis la Corse on comprend bien l’italien et je t’écris tout naturellement en italien!
con una nonna nata in Perrugia e un nonno piemontese, arrivo ancora a leggere un poco e da capire RAI Toscana .
Grazie mille a te Anna.
Fort et beau, et dans cette colère un Je écrivant émerge magnifiquement !
Sublime ce texte Anna.
Cette révolte, ce soulèvement… puissant… et la femme en derrière, qu’est-ce qu’on a envie de se soulever avec elle, de se révolter avec elle, de dire aussi, avec des mots justes comme vous le faites… avec la violence, mais aussi la poésie qui émerge de ces douleurs vives.