Seule sur le chemin des remparts de Beaune, les toits en poivrière ne pourront pas percer le plafond de lumière que les nuages tendent sur le ciel. Le chemin de ronde.
Seule à faire le tour d’une ville qui s’est tue, la maison et ses roses, le junipérus qui masquait la terrasse, le portail s’est clos sur un jamais plus.
Les lions n’ont jamais rugi qu’à moitié sous leur mousse séculaire, dominés par un très vieux ginko dont nous ramassions les feuilles d’une couleur ou l’autre, d’une saison à l’autre, et l’été revient. Les canards ont grandi sans doute au lit de l’Aigue dont les sources laissent à chaque orteil un souvenir glacé. Je ne reconnais pas les marronniers.
Seule à croire que le temps peut être circulaire, le mouvement, s’arrêter. L’heure sonne au beffroi où grimpent la nuit les chats.
Les lierres s’entrecroisent comme les doigts de nos mains, infinies ramifications des instants, des regrets, des discussions tendues qui éclataient en rire, des chansons retenues. Les autres vieux aussi finiront par mourir, et nous serons vieux à leur place. Les pavés sonnes. Le théâtre de verdure se remplit de mes souvenirs, de mes désirs dégoupillés, les ombres s’enfuient, la lumière est dure.
Seule à traîner du sable à mes semelles, quelques graviers, faire le tour des remparts.
Ton texte est d’une densité et nous raconte le temps qui passe avec du tragique et de la douceur en même temps. Tragique parce qu’on va mourir et doux aussi : « Les lierres s’entrecroisent comme les doigts de nos mains, infinies ramifications des instants, des regrets, des discussions tendues qui éclataient en rire, des chansons retenues. » Merci
Merci Gilda pour ta lecture.
« Les lions n’ont jamais rugi qu’à moitié sous leur mousse séculaire, dominés par un très vieux ginko dont nous ramassions les feuilles d’une couleur ou l’autre, d’une saison à l’autre, et l’été revient. « j’aime cette phrase et beaucoup le texte comme par dessus temps « seule à croire que le temps peut être circulaire «
Merci Nathalie.