Seule dans les jardins sur la colline. La grille envahie par les passiflores. Dans chaque rosace au bouclier des abeilles butinent. Ronde dans la cible, violet, blanc, noir, au cœur des cinq doigts, les pattes jaunes dans le pollen.
Le torse d’un jardinier derrière une haie contemple son ouvrage et disparaît.
Qui a résisté à l’appétit de la nuit ; des oeuillets d’inde, des zinnias, que des tiges ; des laitues, quelques trognons, ;des feuilles de courgette entamés, des trous perforés dans les pousses des haricots. retirant les gourmands, par hasard entre les feuilles et les tiges de tomates, tapis sous le lierre dans un trou du muret, un escargot. Sous la touffe des gauras, c’est une colonie contre la paroi attendant dans l’ombre mon départ. Dans leur sceau, les captifs profitent d’une baisse d’attention pour glisser les uns sur les autres, se chevauchant avec leur ventouse tentant de se faire la belle. Ils s’écoulent sur l’arrête du pot, toute antenne dehors, équilibristes obstinés et silencieux, laissant leur signature opalescente. La main les ramène puis les vide dans la forêt, l’un d’eux résiste aux secousses collé contre le plastique. Retirant les stolons des fraises qui s’allongent toujours plus denses, un froissement, une présence. Du couvercle du fumier, sort la tête d’un chat. Dérangé, dans le jardin voisin glisse sa queue.
Des mains aussi noueuses que le bois du cognassier ramassent avec vigueur les feuilles et les tiges de mélisse. Jambes écartées, dos penchée elle plonge la main dans la touffe nuageuse et poilues des bourrache sans hésitation. Les mêmes rides des yeux et des pommettes que son muret de pierres sèches recouvert de vigne.
L’heure où la pièce est à contre jour, sa silhouette en ombre chinoise, toutes expressions du visage fondues,opaques. La matière des vêtements dissipée dans l’encre, il ne reste plus que contour et surface.