Seul sur la route de sable blanc. Seul entre les javelines brunes. Seul sous le bleu, frappé par le halo, fort, fort. Seul à sentir la soif qui tire, le risque terrible de l’étincelle. Presque seul à avoir remarqué la présence du platane, borne incongrue, stèle à la poésie des Anciens. Seul à se rendre compte que les plants d’hier forment aujourd’hui canopée au dessus des fantômes. Seul face à la sciure du labeur du pic-vert. Plus seul encore que la couleuvre qui se réchauffe. Plus seul que la Lucane qui gratte contre l’écorce. Seul dans les hautes herbes à attendre un lion. Seul et perdu dans les bruyères où les nuages de pollen brouillent. Seul à observer la fougère déployer tentacule. Soudain très seul face au chevreuil. Seul à savoir où les moustiques pondent, où les sangliers crèvent. Seul à connaître les cryptes pleines de cèpes, nuits de lune. Plus que jamais seul face au lave-linge qui rouille près du cours d’eau. Seul à savoir que le tronc brisé est une arche vers les étoiles.