#anthologie #06 | Multitude

A tous ceux qui ne peuvent pas être seuls car la tache au mur les agace, ceux qui se promènent sur les quais remplis d’autres ceux qui vagabondent ne sachant que faire de leur liberté payée, ah les anniversaires enrubannés qui permettent si bien d’oublier, si bon oublier qu’on existe en existant, les voix rauques de soleil qui sentent la mer et l’immensité du ciel, pas le temps, pas le temps, tant à faire, organiser, épingler, faire jaillir de la tête, créer ! Combler tous les trous, toutes les heures, tous les creux et les bosses, jouer aux importants, aux responsables, ma vie sur terre a tellement de sens que j’en étouffe à force de la sentir, pas une minute à l’arrêt, s’arrêter c’est mourir, on invente, des phrases, des mots, des consignes, d’autres consignes, on se gave d’avenir et de projets, on a des tas d’idées, ce sont les autres qui n’y comprennent rien, sans eux, je serai un génie, une étincelle de pure illumination, sans eux je ne serais jamais seul.

A propos de Helena Barroso

Je vis à Lisbonne, mais il est peut-être temps de partir à nouveau et d'aller découvrir d'autres parages. Je suis professeure depuis près de trente ans, si bien que je commence à penser qu'autre chose serait une bonne chose à faire. Je peux dire que déménagement me définirait plutôt bien.

10 commentaires à propos de “#anthologie #06 | Multitude”

  1. (c’est aussi plus fort qu’eux – et puis sinon ils (ou elles) s’ennuieraient peut-être à ne pas regarder le ciel et la lumière le vent et le reste du temps) trop bien (vaguement le sentiment de les voir partir, au loin, sur leurs vaisseaux – et cette chanson Cortez the killer…)

  2. Une atmosphère et une gueule, un texte tract, et au final un pied de nez à la solitude du spleen,

  3. être seul au milieu de la foule des autres
    te retrouver là, chère Helena

  4. Ironie qui pince ! Et cette rythmique emmenée pour emporter ce flux. Merci Helena.

  5. Très touchée par ce texte. Par ce flux, cette agitation, renforcée par les virgules, les proposotions courtes. A la fin de la lecture on est (presque) épuisée, et on retourne au bonheur et au calme de sa solitude (passagère). J’ai lu dans les commentaires texte tract. Je partage l’idée !

  6. Merci infiniment, Isabelle ! Votre commentaire me touche beaucoup ! Si important de savoir comment les textes sont ressentis !