Je suis devant la fenêtre de ma chambre pour bien profiter de la lumière du jour. Ils pensent tous que je ne pense pas. Ce n’est pas parce que je ne suis pas allée à l’école au-delà du certificat d’études que je n’ai pas la capacité à penser. En apprentissage, j’ai appris à broder. Je suis brodeuse. Je ne lis que le journal, mais c’est quand même lire. J’habite maintenant chez mon fils. J’occupe cette chambre où je profite de la lumière du jour pour broder ou tricoter. Mon point préféré c’est le passé empiétant. Grâce à lui j’en ai eu des compliments. Certaines de mes broderies, des œuvres d’art peuvent être comparées à des peintures. Je me suis mariée et devenue veuve quand mon fils avait 18 ans. Soutien de famille ça lui a évité d’aller à la Deuxième Guerre mondiale.
Quand il s’est marié, je suis allée vivre avec mes parents vieillissants. Je les ai accompagnés jusqu’à leur dernier jour. Seule je recevais mes petites filles à midi quand elles étaient au collège. Et puis me voilà ici à nouveau chez mon fils dans la maison où il est né et où j’ai vécu avec mon mari. Il ne voulait plus me laisser loin de lui. Les jours s’écoulent doucement, Le matin au petit déjeuner fromage avec un verre de vin rouge. Le midi et le soir c’est ma belle fille qui s’occupe des menus, je mange ce qu’il y a. À l’automne et au printemps J’adore aller aux champignons, je suis une connaisseuse. J’ai mes coins préférés que je ne révèle à personne. Ma cueillette régale toute la famille. J’ai quatre petits-enfants, deux filles et deux garçons. L’un des garçons a une jeep et il m’emmène régulièrement au cimetière. À part moi personne ne va visiter ceux et celles d’avant, et surtout mon défunt mari. Mes parents sont enterrés dans un autre village et je n’y vais plus très souvent. Je sais bien que je vieillis, je ne brode plus beaucoup, je tricote des gants de toilette en coton, c’est plus facile. Je rends service comme je peux. Tous les matins je fais le lit de mes petits-fils. Les filles de 13 ans et 14 ans leurs aînées ne vivent plus dans cette maison de famille. La plus jeune est mariée et j’ai deux arrière-petits-fils.
Un matin ma belle-fille s’est inquiétée, je n’étais pas descendue déjeuner. Elle m’a trouvée dans mon dernier sommeil.
c’est comme une chanson douce et fluide, la vie qui passe, immuable d’une génération à l’autre
et puis un jour c’est fini
je ressens beaucoup de mélancolie dans tout ça et certainement inspiré par un personnage réel…
Ravie de te retrouver ici Françoise.
Merci de ton attention à mon texte. Oui un personnage réel et heureuse d’avoir pu la raconter un peu ici.