#Anthologie #05 | une noire une blanche

Je regarde le corbillard où est mon corps je voudrais passer passer de vie à trépas c’est déjà fait c’est surfait défait bien fait terminé la mine des jours s’en est allée et moi avec elle me voilà au cimetière je porte mon corps lourd devant moi arrêt pour les prières les mots des uns des autres mon faux fils en larmes bien beau tout noir dans sa chemise noire moi chanteuse aux Orgues de Flandre rire d’ironie moi je viens d’Algérie moi le bateau m’a crachée moi ai vécu dans des ruelles crades mère méchante père malade pas de salade un passage au fond d’une vie étroite rien de paisible du noir du noir ras le cœur de malheurs Félix Fortune Guigui Léontine noms de vieux perdus moi Joëlle souelle seule si seule que dans ce HLM j’aime l’odeur du couscous du mafé du bacalao tous ces gamins qui viennent chez moi m’appelle la mère Jojo, bonbons bisous bevoirs j’aide de mots pas de stylo j’aide de biens de bons de bravos alors ils reviennent reviennent encore les parents contents de pas les avoir dans leurs pattes les enfants libres sans leurs pattes casse pas trois pattes à un canard coca-cola Claude François passons passions des goûts de pauvres mais du cœur côté cour du jeu des jeux, je t’aime HLM. Kyste kyste kiss kiss foie utérus pancréas clavicule trachée artère lobe frontal cervelet hippocampe bulbe rachidien encore un tour de kystes et c’est fini. Je porte mon corps devant moi kiss kiss pas d’enfant sorti de moi mais tant d’enfants autour de moi et ce petit Emile mon faux-fils sa mère est là à mon enterrement on m’enterre et je suis derrière. Rien compris les cousins rien compris mais les voisins tout compris tout compris. Emile a eu deux mères de quoi se noyer ou apprendre à nager. Une noire et une blanche avec et sans fausses notes.

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