Ce ne sera pas une fiction – la réalité est une fiction qui a réussi dit-on au PEROU – il s’agira de tramer le plus possible les divers documents possédés – il y a par exemple dans le Mon sang retombera sur vous (Seuil points 1915, ai mars 2008) mention des cinq testaments rédigés alors et qui restent (à ce que j’en sais) non publiés (on porte à la connaissance que ce titre, tiré d’une des lettres adressées par le détenu à ses pairs, n’a pas eu le résultat escompté : son sang n’est pas retombé sur eux; à l’inverse, plutôt, et ce n’est qu’un exemple, les quelque quatre-vingt cinq morts et les deux cents blessés de l’attentat à la bombe de la gare de Bologne, le 2 août 1980). Pour les besoins d’ici, je prends du récapitulatif qu’on trouve à la fin du Prisonnier (Anna Laura Braghetti (l’une des guerrilleros), Paola Tavella, Denoël collection impacts (la bien nommée…), traduction Claude Galli, ai mars 1999) et rédigé par Andrea Colombo (journaliste au Messagero,comme Paola Tavella) un index de ces quelques pages (191-201), dont je rédige deux onomastiques, l’une des noms et l’autre des lieux (pour mémoire)
Pour l’atelier, ce seront donc deux fictions :
Maurizio Borghi : il s’agit du pseudonyme du locataire/propriétaire avec son épouse (qui ne l’est pas) Anna Laura Braghetti (j’ignore son pseudonyme) de l’appartement numéro 1, via Montalcini, 8, 1° étage, une centaine de mètres carrés avec jardin, acheté (avec l’argent d’une rançon, je crois, lors de l’enlèvement d’un cadre d’Alfa Roméo – il faudrait préciser) quelques mois plus tôt et où a été aménagée la cache où séjournera Aldo Moro cinquante-cinq jours durant
personnage qui n’existe pas, incarné par Prospero Gallinaro, il me semble, à moins que ce ne soit Bruno Seghetti (ces deux-là étaient déjà dans un uniforme propre à la fiction, puisque grimés en pilotes de ligne Alitalia lors de l’enlèvement et de la tuerie) ou un autre encore, qui tous les jours s’en va travailler, et revient tous les soirs retrouver son épouse – il ne me semble pas, ou peut-être fais-je une erreur, que ce soit le même homme qui loue l’appartement de la via Gradoli
via Gradoli : au 96, 3°étage, c’est la base arrière du chef de l’opération et de sa compagne, ils y séjournent de temps à autres ; il s’agit de Mario Morretti (lequel est l’interlocuteur de deux journalistes, pour un livre d’entretien où il raconte l’enlèvement, entre autres, et le « procès du peuple » (dont il est le principal récipiendaire, disons) au terme duquel Aldo Moro sera condamné à mort (condamnation décidée par une très grande partie du groupe, et notamment la partie emprisonnée et jugée dans les mêmes temps, à Turin), puis exécuté (en bas, dans le garage) par ce même Mario Brigades Rouges (Brigate rosse. Une histoire italienne, Mario Moretti avec Carla Mosca et Rossana Rossanda, éditions Amsterdam, Paris, 2010 (ISBN 978-2-35480-081-9).
Et de Barbara Balzerini (elle arrête les autos, sous son passe-montagne, sur la via Stresa, lors de l’enlèvement) auteure d’un livre plus poétique (Camarade lune : Traduit de l’italien par Monique Baccelli ; Éd. Cambourakis ; 2017 ; (ISBN 978-2-36624-281-2). (2019 pour l’édition de poche)
Le toponyme Gradoli réfère à cet appartement (ignoré par la police le surlendemain de l’enlèvement : on comprend bien, je pense, que cette ignorance (est-elle trop crasse pour n’être pas préméditée ? Ici s’ouvrirait certainement une voie d’accès à un complotisme dont toute cette histoire est conçue empreinte envasée et bientôt submergée) cette ignorance, dis-je, permet et entraîne même les possibilités de dissimulation des acteurs de l’enlèvement : en dernière analyse, elle permet (sinon autorise) le meurtre d’Aldo. Ce d’autant plus que lorsque vers la fin avril, Eleonora Moro demande à Cossiga (le ministre de l’intérieur, chef de la police, roi de l’espionnage et la cellule interne noyautée par la loge P2…) d’enquêter sur cette rue à Rome, il a le front de répliquer qu’elle n’existe tout simplement pas à Rome, cette rue… Ignorance crasse, vraiment ? On peut en douter.
On dispose aussi, pour ce Gradoli-là d’une autre entrée (est-elle fantaisiste ? Elle a eu lieu…), puisqu’il s’agit aussi du nom d’une petite ville apparue lors de la séance de spiritisme dont Romano Prodi a été l’instigateur, un dimanche après-midi, début avril, dans une résidence secondaire d’un de ses amis. Ce fait est documenté, et le Prodi en question en fit part peut-être bien à Andreotti à moins que ce ne soit à Cossiga le mardi ou le mercredi suivant : à la question « où se trouve Moro en ce moment ? » la table (une tablette dit-on qui répond au nom de oui-ja)indiquera trois toponymes : Viterbo, Bolsena et Gradoli… Gradoli se situe dans la province de Viterbo.
Pour mémoire 1.
Rita Algranati (BR, vigie)
Amnesty Interntional (association qui accepte l’intercession entre les BR et le gouvernement – 17 avril)
Tulio Ancora (député, destinataire d’une lettre de AM – 29 avril)
Giulio Andreotti (DC premier ministre, ennemi politique d’AM, destinataire d’une lettre de AM – 29 avril, multirécidiviste et mafieux pratiquement notoire, dispose de l’oreille de P6)
Autonomia (groupe étudiant extrême gauche « allié objectif » BR)
Barbara Balzerini (BR, vigie – compagne de Moretti)
Giuseppe Bartolomei (président groupe DC au Sénat – favorable à la négociation)
Antonio Bellavita (directeur revue Contre Information proche des BR – arrêté le 30 mars à Paris, libéré le 11 avril)
Paola Besuchio (BR, malade, pouvant être libérée)
Franco Bolisoli (BR, grimé pilote Alitalia)
Maurizio Borghi (BR, pseudonyme du locataire via Gradoli)
Alberto Buonoconto (NAP, malade pouvant être libéré)
Caritas International (association intercesseuse désignée (par la conférence épiscopale italienne) comme contact avec les BR)
Alessio Casimiri (BR, vigie)
Tony Chicchiarelli (faussaire, auteur du communiqué 7 – faux – annonçant la mort d’AM)
Francesco Cossiga (DC, ministre de l’intérieur – nommé par AM, ami d’Andreotti – cellule de crise interne infestée loge P2)
Renato Curcio (BR, fondateur, emprisonné à l’époque de l’enlèvement, procès à Turin)
Lorenzo Cotugno (gardien de prison, abattu par les BR,11 avril)
Bettino Craxi (PS, secrétaire, favorable à la négociation avec les BR)
Francesco De Cataldo ( commandant en second des gardiens de prison de San Vittore (Milan), abattu par les BR – le 20 avril )
Renato Dell Andro (député, destinataire d’une lettre de AM – 29 avril)
Alberto Delli Innocenti (médecin à la Sit-Siemens, blessé par les BR – le 4 mai à Milan)
Amintore Fanfani (DC, président du Sénat (deuxième chambre) favorable à la négociation avec les BR – destinataire d’une lettre de AM – 29 avril)
Adriana Faranda (BR, messagère – reconnue pour avoir acheté les uniformes Alitalia)
Rafaele Fiore (BR, grimé pilote Alitalia)
Prospero Gallinari (BR, grimmé pilote Alitalia – gardien AM)
Raffaele Iozzino (garde du corps AM, dcd le 16.3.78)
Pietro Ingrao (PC, président de la chambre des députés, destinataire d’une lettre de AM – 29 avril)
Lorenzo Iaio Janucci (jeune militant assassiné le 18 mars à Milan – meurtre jamais élucidé)
Ugo La Malfa (PRI, secrétaire député)
Alfredo Lamberti (fonctionnaire ItalSider, blessé par les BR – le 4 mai à Gênes)
Oreste Leonardi (garde du corps AM, dcd le 16.3.78)
Giovanni Leone (DC, président de la République italienne – sans réel pouvoir, honorifique, destinataire d’une lettre de AM – 29 avril)
Lettieri (sous-secrétaire ministère de l’intérieur)
Loge P2
Alvaro Loiacono (BR, vigie)
Girolamo Mechelli (DC, blessé par les BR le 26 avril)
Antonello Mennini (évêque, intercesseur BR et la famille d’AM)
Riccardo Misasi (député, destinataire d’une lettre de AM – 29 avril)
Mario Moretti (BR, chef pour l’enlèvement)
Eleonora Moro (épouse d’AM)
Valerio Morucci (BR, grimé pilote Alitalia – messager)
Lanfranco Pace (fondateur PO intercesseur PS /BR ou l’inverse)
Sergio Palmieri (dirigeant FIAT, blessé par les BR – le 27avril)
Paul 6 (pape n°262, lettre pour faire libérer AM « sans conditions » (qu’on attribue à Andreotti) ce qui vaut exécution, merci qui)
Emilio Pennachini (député, destinataire d’une lettre de AM – 29 avril)
Cristofore Piancone (BR, ouvrier à la Fiat, assassin du gardien de prison Cotugno, blessé arrêté à l’hôpital)
Giovanni Picco (DC, ex-adjoint au maire de Turin, blessé par les BR)
Flaminio Piccoli (député, destinataire d’une lettre de AM – 29 avril)
Daniele Piafano (leader Autonomia, intercesseur – 6 mai)
Franco Piperno (PO,intercesseur PS/BR ou l’inverse)
Romano Prodi (PD (pas chrétien), spiritisme)
Nicola Rana (secrétaire d’AM, dédicataire d’une de ses premières lettres)
Domenico Ricci (garde du corps AM, dcd le 16.3.78)
Giulio Rivera (garde du corps AM, dcd le 16.3.78)
Felice Schiavetti (membre du patronat génois, blessé par les BR, 7 avril)
Bruno Seghetti (BR, chauffeur AM)
Claudio Signorile (PS, vice-secrétaire, intercesseur – 6 mai)
Mario Sossi (juge enlevé par les BR en avril 1974, libéré quarante jours plus tard – le 22 mai)
Paulo Emilio Taviani (DC, député contre la négociation avec les BR, alors qu’il avait été pour lors de l’enlèvement de Sossi, en 1974)
Fausto Tinelli (jeune militant assassiné le 18 mars à Milan – meurtre jamais élucidé)
Giuliano Vassalli (PS,député puis sénateur – chargé par Craxi d’établir une liste des prisonniers politiques possiblement échangeables contre AM – 20 avril)
Kurt Waldheim (ex nazi secrétaire de l’ONU)
Francesco Zizzi (garde du corps AM, dcd le 16.3.78)
Benito Zaccagnini (secrétaire DC, homme lige d’AM)
sigles acronymes légendes:
ai : achevé d’imprimer
AM: Aldo Moro (président du parti démocrate-chrétien)
BR : brigades rouges
DC : démocratie chrétienne
NAP : Nuclei armati proletari (noyau armé postérieur à Lotta Continua)
PC : parti communiste
PD : parti démocrate (à peine à gauche de la DC)
PO : Potere Operaio (soit Pouvoir Ouvrier) groupe politique révolutionnaire extrême gauche
PRI : parti républicain italien (laïc,libéral, à droite du parti socialiste, à gauche de la DC – centriste)
PS : parti socialiste
Pour mémoire 2 :
Bolsena (ville désignée spiritisme)
caserne Talamo (Rome, attentat 9 avril)
centre social Leoncavallo (Milan) (assassinats de 2 militants, meurtres jamais élucidés)
Gênes (attentat – 7 avril – contre Felice Schiavetti membre du patronat)
Gradoli (ville désignée spiritisme – sur la via Gradoli se trouve l’une des caches principales des BR)
lac de la Duchessa (faux communiqué 7) cantone di Rieti
Maison de l’étudiant (Rome – groupe Autonomia operaio, « allié » BR, extrême gauche)
Milan, prison de San Vittore
palais Chigi (siège du gouvernement – cellue de crise, réunions auxquelles ne participera jamais Cossiga)
Paris (arrestation Antonio Bellavita directeur revue Contre Information proche des BR)
piazza Argentina (sous terrain, lieu de dépôt de message des BR) (Rome)
piazza Barberini (Rome)
piazza Madonna del Cenacolo (transfert AM caisse) (Rome)
piazza San Giovanni (manifestation suite à grève générale 16 mars) (Rome)
Turin (procès BR, reprise le 20 mars)
via Arenula (vers : sous terrain via Argentina)(Rome)
Via Fani (attentat guet apens) (Rome)
via Gradoli 96 (cache principale des BR durant l’enlèvement, connue mais non fouillée dès le 18 mars)
via Licino Calvo (voitures retrouvées (3) ayant servi au rapt)
via Montalcini 8 (appartement 1, 1°étage, geôle AM) (Rome)
Via Stresa (attentat guet apens) (Rome)
Viminale (siège du ministère de l’intérieur) (Rome)
Viterbo province où se trouve la ville de Gradoli
Un vrai programme d’écriture ! Ça promet d’être passionnant. Et merci de me faire connaître le PEROU
@Laure Humbel : le PEROU initiative formidable ! surtout pour vous, à Marseille – mais pas seulement. Merci Laure
C’est fou toutes cette matière et ces fils qui se tendent et font des liens presque arabesques (et ça englobe tellement, merci)
@C Jeanney : je crois que ça fait trop (je passe en phase dépression… :°))) Merci Christine
Passionnant (je mettais même 4 « m » dans mon enthousiasme.