Ma condition de vivante m’exténue je suis une cloche fêlée ou une clochette sans battant1 c’est selon. la porcelaine des vingt ans s’est cassée j’[ai] perdu ce qui me tenait. recoller les morceaux de mon corps brisé en soulignant les fissures de laque saupoudrée d’or au lieu de les dissimuler. quelqu’un d’ici veut-il venir vivre à ma place ? s’en extraire pour ne plus hanter la cerisaie printemps été saisons les plus cruelles m’envahissant. venir à bout des haies des fruits des herbes et des céréales tout ça cuisant à l’étouffée sous le couvercle de la marmite d’un ciel blanchi à vif. dès lors aspirer à l’hiver quand tout est au repos qu’on n’en peut mais qu’on désire le froid l’enveloppe du givre comme un liseré doré autour de la faussure de ma robe que le givre vienne frapper tinter comme cristal les parois de céramique
1 Aki Shimazaki
« recoller les morceaux de mon corps brisé en soulignant les fissures de laque saupoudrée d’or » , » l’enveloppe du givre comme un liseré doré autour de la faussure de ma robe » c’est si beau Cécile, si dense : la femme cloche est peut-être exténue pas son chant
La femme cloche assourdie par son chant : merci Nathalie pour cette lecture.