J’ai une façade. Je suis une façade. J’ai troqué mon corps contre une façade. Le soir, quand les chauves-souris sortent à l’ombre et batifolent au milieu des moustiques retardataires, moi, je sors ma façade, dans un chariot de supermarché que je pousse devant moi. C’est un produit frais, avec date de péremption – le lapsus étant de rédemption – consommable en fin de journée dans les sous-bois qui bordent la ville. J’ai troqué mon corps contre une façade. Il est absent, elle est lourde. Trop lourde, c’est pourquoi je la pousse dans un caddie. Je l’allège avec quelques grains de poudre blanche au coin de la narine. Je dois la louer le temps d’un plaisir, d’un plaisir qui n’est pas le mien. Label de qualité STG (Spécialité traditionnelle garantie) tatoué sur le biceps gauche. Cette façade que je peaufine, je l’aime et je la hais. Elle me protège et elle me nie. Quelquefois j’ai l’impression qu’elle veut être moi. Je la laisse faire mais elle n’y parvient pas. Je suis inatteignable, plié et replié avec soin, avec application, plié et lissé, plié et repassé comme on repasse son histoire au fer rouge. Cette façade… combien de temps va-t-elle tenir, se tenir avant que je ne lui fonce dedans et la massacre ?
on imagine que la façade pourrait se fissurer d’un coup, une grande fissure qui la couperait en deux, alors elle menacerait de s’effondrer et de révéler la vérité…
Merci Françoise de ton passage… je pense attendre l’événement – qui ne viendra peut-être pas – qui créera l’onde de choc, et en attendant je pense tourner autour de ce personnage au gré des propositions…