Tu n’es plus que l’ombre de toi-même, quand tu te regardes tu te trouves plat, tu te trouves sombre, tu marches toujours dans l’ombre, dans l’ombre de toi-même. Tu regardes marcher devant toi ce corps qui t’as déçu, qui n’est plus à la hauteur, ni même à la longueur surtout pour le bras droit, qui n’as pas répondu présent et pertinent quand tu l’aurais voulu. Un corps qui t’a trahi, ça se voit à ton ombre. Les pieds, les jambes ça va encore, ils restent collés à toi, les pieds de ton ombre sont presque comme tes pieds, tu peux encore leur faire confiance, ils se déplacent en même temps que toi, te suivent pas à pas, sur tes pieds, tu peux compter. Tu ne peux plus compter sur tes doigts, ça se voit même sur ton ombre, cette main en moins, tu peux mettre les mains dans les poches, ça se voit moins que tu as une main en moins, mais on voit sur ton ombre que l’angle des bras n’est pas vraiment le même, qu’il y en a un qui s’enfonce dans la poche bien plus profond que l’autre. Plus tu t’éloignes des pieds, plus ton ombre se déforme, en fonction de la route, du sentier, du terrain ou des vagues, de l’endroit où elle se pose. Tu n’es plus que l’ombre de toi-même alors partir au nord, pour voir ton ombre devant, pour la suivre comme ton ombre