#anthologie #04 | Nicher

Les arbres morts ne sont pas vraiment morts. Le pic s’y établi, y creuse son logement et y loge sa famille. Dans la loge du pic on s’installe, on va chercher à manger, on revient avec la nourriture qu’on distribue aux petits, on se repose, un peu, parfois, avant de retourner chercher la nourriture pour les petits. La loge du pic est une maison troglodyte en bois.

Le coucou, lui, loge ses petits chez les autres.

Le nid construit dans un arbre, plus ou moins exposé, plus ou moins bien protégé du soleil, de la pluie et du vent, de la vue des autres, mais quand même pratique pour voir, pour décoller, pour observer. Commencer par la coupe qui recueillera les œufs, et parfois, s’adapter, perfectionner, prendre ce qui peut aider, ce qu’on a sous la main et finir en artiste tel le tisserin qui va construire son nid comme une botte renversée pour en proscrire l’accès à tout autre qu’à lui, et surtout aux serpents qui se régalent des œufs.

Chez eux il y a du vent, des vagues, la mer. Voler, voler, mais seulement quand on l’a décidé, ne pas se faire souffler, balayer, emporter. Alors, les nids des macareux sont des terriers au sommet des falaises, mais plus bas que le vent. Tunnels, caves, souterrains, oiseaux de mer sous terre.

Toute l’année, leurs yeux ne voient que du blanc, du gris, du sombre, du gris-bleu, du bleu foncé, du bleu-vert, du turquoise, de la mer et du ciel. Alors pour leurs nids, ils sortent les couleurs dès qu’ils peuvent en trouver et ils en trouvent souvent. Filets de pêche, cordages, textiles, plastiques, déchets plus du tout identifiables, ni en forme, en matière, en provenance, en origine. Alors en plus des algues, ils ramassent ces déchets et surtout ces cordages, dans lesquels trop souvent, ils s’emmêleront eux-mêmes, parfois jusqu’à s’y pendre, leurs petits ou eux-mêmes, les fous de Bassan.

Pour bon nombre d’entre eux, on parle de migration, une maison pour l’hiver une maison pur l’été. Leur Riviera à eux étant souvent au sud, les humains de l’été suivent simplement l’oiseau, s’arrêtant toutefois dans des endroits distincts

A propos de Juliette Derimay

Juliette Derimay, lit avidement et écrit timidement, tout au bout d’un petit chemin dans la montagne en Savoie. Travaille dans un labo photo de tirages d’art. Construit doucement des liens entre les images des autres et ses propres textes. Entre autres. À retrouver sur son site les enlivreurs.

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