Habiter ma chambre, habiter l’immeuble, l’appartement, habiter ma rue, habiter une ville et un pays. Habiter tous ces lieux à la fois, ça prend du temps. On déroule ses racines pour les enrouler à nouveau. On ouvre ses valises, on s’entoure d’objets connus. On déplace des cartons. S’agripper à tout : l’odeur du jasmin dans la rue un soir d’été, les conversations solitaires, les images du passé qui resurgissent, le bruit d’une radio lointaine. Je me sens de passage dans les maisons où je vis. Les gens passent, les murs restent. Indifférents aux efforts vains de chacun pour faire ce lieu sien. Nous appartenons aux murs qui nous entourent, pas le contraire.