anthologie #04 | Embrasure

1.De longs rideaux blancs traînent au sol. J’ai pensé peut-être tu trouveras ça joli. Il aime la pénombre. J’aime les lumières tranchées. J’apprends à mon tour, à aimer la pénombre. Un rayon pénètre à travers l’embrasure. Comme d’autres mettent leur plus beau costume, un châle de couleur, pour me recevoir, D. habille la lumière.

2.Habiter chez Rilke, ça n’existe pas. La petite chambre qu’occupe Malte Laurids Brigge dans le quartier latin est secouée par la vibration des tramways qui la traversent. A peine sait-on habiter un corps. En vain cherche-t-on les murs, la peau, la limite dans ce monde poreux comme un buvard.

3.Un vieux gîte dans les Pyrénées, les montagnes et l’odeur du bois brûlé

4.Il avait évoqué Heidegger dans le train je crois. Je ne sais plus où on allait. J’avais oublié qu’Heidegger parlait de cela.

5.Deux pièces, le parquet de chêne, les moulures, les murs blancs et la bibliothèque, le camélia refleurit au bout de quelques mois, dans le four gonfle un gâteau.

6.Habiter la langue, c’est galvaudé. L’exil dans la langue aussi. Pourtant…. Zweig, Canetti, Maraï. Kafka grandit dans un Prague germanophone, exerce son métier en tchèque. Sur la fin, il apprend l’hébreu.

7.La chambre meublée de Plombières. Les fenêtre sont immenses, les éclairs zèbrent le ciel par-dessus la forêt.

8. Découvrir son salon. Les tournesols bientôt vont éclore et les livres s’amoncellent sous le téléviseur. Quand il n’a plus de livre il est comme égaré, instable, il dit j’ai perdu mes copains.

9.Il y a un puits, un terrain, des collines, un jardin anglais, un cottage, et un lac, un potager, un figuier et les tiges ondulantes des courges, des moutons ou des chevaux sur les terrains voisins, vue sur la mer et sur la montagne, je regarde Jura, je regarde Morvan… je rêve sur seloger à ma prochaine maison.

A propos de Marion T.

Après tout : et pourquoi pas ?

Laisser un commentaire