#anthologie #04 | ça serait là

1– Le premier rêve d’émancipation hors de la famille est le rêve d’un lieu à soi. D’une utopie mouvante dont la construction passe par toutes les humeurs.

2– C’est une maison bleue

Adossée à la colline

On y vient à pied, on ne frappe pas

Ceux qui vivent là, ont jeté la clef1

3– C’est une petite ferme au soleil, une longère aux pièces sombres, parfum de foin séché, murs de pierres et toit de lauzes. Un parterre de fleurs rouges le long de la façade. Modeste demeure mais demeure à moi. Avec ma façon de vivre à moi.

4– C’est un appartement à NYC, non loin de l’hôtel où fut assassiné John Lennon, le long de Central Park West

5– C’est une maison construite dans une zone intermédiaire, il arrivait fréquemment que sa façade soit ensoleillée alors qu’une forte pluie s’abattait sur l’arrière-cour2

6– C’est ici ou là une maison modelée avec des envies, dont les murs s’allongent ou rétrécissent au son d’une musique intérieure. L’imagination visite des lieux, rend visite à des bâtisseurs de cabanes, à des architectes et surtout dépose une inquiétude intime dans une prison idéale.

7– Habiter, débiter, orbiter, quel rapport ?

8– Heureusement l’architecte a eu la précaution de bâtir solidement : les fenêtres étroites sont profondément enfoncées dans le mur et les angles protégés par de grande pierres en saillie 3

9– Habiter, abriter, quel est le rapport ?

104— Habiter le temps des adieux

Habiter les livres de l’été

Habiter dans le brouillard ici et ailleurs, dans le doute, dans un petit appartement du 9ème arrondissement, dans la mélancolie et l’ombre

Habiter la petite ville du Limousin qui n’a pas oublié le massacre de ses habitants par les nazis, le 10 juin 1944 et qui pourtant a voté à 36% pour l’extrême droite

Habiter des mots lourds de sens, l’avenir avec espoir,

Habiter le feu et la grâce, l’imagination au pouvoir, les abysses marins et l’âge d’or du design

Habiter le temps en couleur, le cubisme fantasque, la terre, le feu, l’eau, l’air,

Habiter l’ivresse de l’encre, côté maison, côté jardin, loin dans le bleu

Habiter sur le mur d’Hadrien, dans un monde imprévisible, dans un train de nuit

Habiter la vie selon Céla

Mais ne pas habiter dans le noir

 

1- chanson de Maxime Le forestier - San Francisco
2- extrait du livre Le meurtre du commandeur de Haruki Murakami
3- extrait du livre Les hauts de Hurlevent d'Emily Brontë
4- extraits du Télérama n°3884

A propos de Claudine Dozoul

Se balade entre écriture et pratiques artistiques diverses. Animatrice depuis longtemps d'ateliers d'écriture.

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