Habiter un appartement trop grand. On cherche à le peupler. Seuls les fantômes restent.
Habiter ses habits. Trop grands aussi. Et ses habitudes. Trop tenaces.
Elles avaient aménagé le vieux poulailler pour y boire le thé entre copines. Je n’osais les accompagner : trop de terreurs enfantines quand il fallait à la nuit tombée aller fermer les poules.
Ils habitaient une grotte dans la forêt. Séraphine allait leur porter à manger. Elle aussi avait peur.
Pas de décorations sur les murs, des chaises, des tables, rien que du simple, du prêt-à-partir. Pourtant on reste. On habite le vide.
La taille du lieu qu’on habite est-elle proportionnelle à la manière dont on habite les lieux ? Il se pourrait qu’on habite trop les lieux trop grands et qu’on s’y perde. Les lieux trop petits, on les habite trop aussi, on prend trop de place, pas moyen de se déplacer sans se cogner à soi-même.
À partir de combien de temps passé en un lieu l’habite-t-on ?
Cette maison aux balcons partout, j’en ai habité deux appartements, un grand et un petit. On voyait les gens sur les balcons sortir puis rentrer comme sur les calendriers de l’Avent, mais c’était en été qu’on les voyait. L’hiver, on voyait des lumières allumées derrière des fenêtres fermées.
J’habitais à l’étage. J’entendais tout ce qui se disait, se criait, se pleurait au rez-de-chaussée. On habite aussi des voix.
Au-dessus, il y avait celle qui apprenait le violon. Elle habitait mes oreilles. Elle ne les habituait pas.
J’aime beaucoup l’ambiance que créent ces belles variations sur habiter – habitudes – habits