J’ai longtemps dit dans certains moments que je voulais rentrer à la maison mais je n’ai jamais su ce qu’était et où était cette maison.
J’ai longtemps dit à mes enfants que leur maison, c’était nous, leurs parents. Aujourd’hui, ils sont la leurs.
J’ai longtemps pensé que la maison où j’ai grandi était un lieu terrible alors je traînais chez les autres.
Je ne rêve pas d’avoir une maison.
Il y a plein d’endroits où je ne souhaite pas habiter mais où je me sens chez moi.
J’ai longtemps pensé qu’il me fallait habiter le monde mais j’ai compris un jour qu’il me fallait d’abord construire ma propre maison intérieure pour pouvoir me tourner vers l’extérieur.
Je m’habite.
J’ai longtemps aimé voir les pièces de théâtre car je voulais aller habiter et vivre sur scène avec eux.
J’aime à habiter dans le coeur des autres. J’aime à les prendre dans le mien.
Habiter et vivre ensemble, des mots tellement divulgués, qu’ils ont perdu de leurs sens.
Habiter, le mot est beau.
« Je m’habite », voilà le programme. Pas simple de s’habituer à s’habiter.
Et bien, ce « Je m’habite » aussi me fait vous écrire, Clarence ! S’habiter, c’est bien là le but du jeu… de la vie… Il y a entre « j’ai longtemps » et « je m’habite » un « je ne rêve pas d’avoir une maison » qui appellerait d’autres négations comme celle-ci, pour en creux dessiner aussi ce personnage qui finalement s’habite ! Merci en tout cas pour ce beau texte !