#anthologie #04 | chercher

Chercher encore (travail en cours)

La chronologie pour en faire un cadre, s’y retrouver – les choses se passent, sa naissance en seize – lire se documenter retrouver retracer – à cette époque-là, le gamin en culotte courte et l’ordure au pouvoir – ce pays-là, protectorat – le sud et la façon du pouvoir fasciste d’envoyer en rétention dans ce sud, Eboli par exemple

le plus compliqué sera de trouver son style, en passer par les images, celle où il est à la place du mort et sa femme qui conduit

en trente-cinq son pays entre en guerre en Abyssinie (deuxième guerre éthiopienne), (Haïlé Sélassié premier négus) il a dix-neuf ans, échappe-t-il à la conscription
en trente-six, il a vingt ans, la guerre d’Espagne, les brigades internationales et lui à Bari – rentre-t-il chez ses parents où sont-ils
donner des détails précis pour faire croire, tant on a besoin, qui qu’on soit, de croire (c’est pourquoi, souvent ici je tente je crois – l’écriture n’est rien d’autre)
il faudrait recenser toutes ses adresses, quelques unes tout au moins, dont la dernière – mais en était-ce vraiment une ? il y habitait pourtant – dans la cuisine contiguë on mangeait des pâtes aux lentilles, dans la chambre, on dormait, le matin on s’en allait travailler comme si de rien n’était – ses funérailles organisées dans la plus stricte intimité dans un village lointain – il faudrait en faire la biographie (il en est une partielle et politique, à la fin du livre de Leonardo Sciascia, publié en 78 à Palerme), de la naissance à Maglie un petit bled à l’intérieur de l’aiguille du talon de la botte, la ville à quelques kilomètres, Lecce (magnifique mais jamais été) et plus loin, allant à Bari où on passe un jour de la fin juillet après le bateau venant de Patras par Igoumenitsa à minuit – Brindisi, le petit camion volkswagen (on dit van) les cheveux longs, tout le kit (hommage à DP) mais pour lui, c’est pendant la première (la grande dit-on ici, là-bas qu’en était-il ?) qu’il naît – et en passer par l’autobio – se souvenir de ce type qui ressemble un peu à celui qui incarnait Enrico Mattei – Bari est dans les Pouilles, Mattei est né dans les Marches, un bourg capitale de la truffe dit le truc – et le parallèle, pourquoi faire ? – ils se ressemblent, c’est sans doute suffisant – des personnages de fiction ou de la vraie grande histoire – les études de droit à la faculté de Bari, une chambre dans un pensionnat catholique, la deuxième et la rédaction de la nouvelle constitution, il a trente ans, le parti le plus fort d’Europe mais lui n’en est pas peut-être à l’inverse de son double – est-ce bien un double ? – d’ailleurs Volonté a interprété ce rôle, les images de lui qui se penche vers son petit-fils à l’écran – ce serait en trop mais ce serait à développer – juste après guerre, il est élu député (très chrétien, et sans doute pas moins démocrate) et le reste jusqu’à la fin, à Bari où il fait ses études où il est professeur de droit pénal (fonction qu’il occupe à Rome depuis 1963), une adresse très probable, une façon de se comporter diplomatiquement, sa foi et son parler son attitude, fluide on dirait maintenant flexible, peut-être mais un type du sud tout de même – dans un de ses cartables (il y en avait cinq crois-je) se trouvent des thèses de droit d’étudiants qu’il dirige
le coffre de la 4L, garée rue Caetani, le 9 mai – entre la place de Jésus où siège le parti chrétien et la rue des Boutiques obscures (où siège l’autre parti))

l’ampleur de la recherche me fait frémir, je m’égare, je lis la biographie de Jean-Jacques Goldman qui vécut avenue Gambetta, par Ivan Jablonka, socio-histoire qui recoupe, en partie cette époque-là, il ne faudrait pas en parler, il faut toujours frapper le même clou avec une espèce d’obsession ou d’acharnement, d’attachement surtout

à Rome l’appartement qu’il occupe est au troisième étage de la rue del Forte Triomphale – dans le nord de la ville, banlieue plutôt chic crois-je imaginer quelque chose qui ressemblerait à Levallois Perret mais sans doute pas à Neuilly
sur l’une des collines, le Quirinal où on lui promettait d’atterrir dès la prochaine mandature et son appartement de fonction

le carrefour des rue Stresa et Fani à Rome, la tuerie puis l’enlèvement : partout, à toutes les fenêtres, des gens qui téléphonent et font péter le standard

l’appartement acheté six ou huit mois plus tôt, le box en sous-sol – dans le sud de la ville, une banlieue chic aussi bien – l’appartement de la rue Monte Nevoso où on retrouvera, et en 78 et en 90, des fragments du Mémoriale les mémoires sans doute – il en manque tant – une autre cache d’autres encore d’autres endroits romains, d’autres adresses, d’autres lieux d’autres trajets, aller d’un endroit à un autre, revenir repartir aller chercher
la résidence secondaire de je ne sais plus exactement qui, mais un ami d’un futur président du conseil (Romano Prodi), où on s’amuse à demander sur une tablette oui-ja où se trouve le type kidnappé – et bien d’autres acteurs et bien d’autres habitations

A propos de Piero Cohen-Hadria

(c'est plus facile avec les liens) la bio ça peut-être là : https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article625#nb10 et le site plutôt là : https://www.pendantleweekend.net/ les (*) réfèrent à des entrées (ou étiquettes) du blog pendant le week-end

4 commentaires à propos de “#anthologie #04 | chercher”

  1. Je m’égare aussi, attrapé ce matin à la librairie la biographie de Jean-Jacques Goldman par Ivan Jablonka, j’en déduis que c’est bien puisque tu le lis. Sinon j’anticipais la suite de ton texte au fil de ma lecture et me disais que des notes de bas de page ou non, mais des adresses avec des anecdotes et c’est ce que j’ai lu. En phase alors, peut-être. J’ai adoré ce texte.

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