habiter une maison de meulières avec des tomettes, une cuisine laquée bleu électrique et un carré de jardin avec des fraises et une tortue, un escalier en bois et une tapisserie à fleurs mais je l’ai assez dit, ça je l’ai assez dit
à Tharon on peut faire le tour de la maison, cour circulaire, il fait frais sur le carrelage, au fond une petite cuisine avec mosaïques, elle est bleue la maison, comme dans la chanson, et nous jouons aux cartes à la table du salon
maison de poupée, une vraie celle-ci, en tissu et tout avec la vigne vierge et le réséda et les roses trémières qui montent jusqu’au toit ; sur la maison une petite fille dessinée, une image de Sarah Kay ou un genre comme ça, une image d’autrefois ; il y a une porte, et une fenêtre qu’on fixe par de petits nœuds ; j’entre dans ma maison, je fais du thé avec de l’eau et des cailloux, la menthe du jardin
un nouvel appartement, un couloir, une chambre à gauche, puis à droite, puis une autre à gauche, à droite un salon avec une terrasse, à gauche la salle de bain, au fond un petit bureau d’où j’écris, j’ai visité cette maison, presque un château après le 12 de la rue Faidherbe, c’est là que j’ai voulu être, c’est là que je suis
appartement parisien, 38 mètres carrés au 12 de la rue Faidherbe, 12 ans, des souvenirs, une naissance, des murs rouges et des murs blancs, je collectionne les images maintenant
habiter un corps, le corps comme une maison, mon corps est ma maison, je suis son habitante, prendre soin de ma maison
à Questembert nous entrons par le haut, nous descendons les escaliers, nous arrivons dans la cuisine, bonjour Mémé, la boîte en fer est posée sur le manteau de la cheminée, avec les biscuits secs, les madeleines, au four le far aux pruneaux, dans un plat le poulet avec les haricots et les pommes de terre sautées : la maison de Beau-Soleil, j’aurais voulu y retourner
habiter le temps pour combien de temps, on ne sait pas, il faudrait que ça suffise à ce que chaque seconde soit pleine et entière mais on n’y arrive pas, moi je n’y arrive pas
la petite maison dans la lucarne a bercé ma jeunesse, à l’époque j’aurais eu envie d’y vivre ou de traverser la mer pour la visiter ; quelque part une femme l’a fait construire, reproduire dans son jardin, une prairie, on peut même y dormir ; il se peut que j’aie passé l’âge
habiter une baignoire, glisser dans un bain chaud l’hiver, frais l’été, c’est ce que je fais quand il me semble que la vie n’est pas un bain de mousse