#anthologie #03 | pouf

J’en avais cherché un ici mais les jeunes vendeurs de lunettes de soleil et de cartes SIM de Barbès ne savent plus même le mot, pouf. Il vient, à peine deux mois, de la rue Larbi Ben M’hidi entre grande poste et place de l’émir Abd el Kader, pas loin de la librairie du Tiers Monde, Alger. Il a voyagé plat. Nourredine m’a dit de le remplir de laine mais dans le 11ème, c’est plus difficile à trouver que sur le marché d’El Harrach alors crin de cheval un peu synthétique, Il étoile le tapis chameaudé frère bien plus âgé d’Oran, lui. Pour le déplacer, je le pousse du pied, à coups peu doux, sans considération pour le souvenir que je raconte ici. Avachi devant un match de foot moyen, même pas un de l’USMA, je l’encombre lourdement de pieds supposés fatigués, délassement des jambes qui ont véhiculé son exil. De mon corps il ne sait que les extrémités basses et paresseuses, de lui je ne sais rien de la rondeur qui pourtant laisse imaginer douceur, fluidité, embrassement. Tu as bien fait de te mettre sous mes yeux au moment du choix, nos relations vont changer.

A propos de bernard dudoignon

Ne pas laisser filer le temps, ne pas tout perdre, qu'il reste quelque chose. Vanité inouïe.

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