Regard devenu automatique, je sais qu’elle est là. Posée sur le meuble-vitrine dans le couloir, légèrement penchée, discrète, ambrée transparente, la station-météo affiche la température intérieure et extérieure en chiffres liquides.
Un jour, en passant, plus d’affichage de température extérieure, la sonde serait-elle en panne, les piles usées ? Je devais m’occuper du boîtier extérieur coincé entre le store et son armature. Dès que j’ai approché la main, une araignée, puis une autre se sont carapatées, ma main est restée en l’air dans un mouvement inaccompli, non pas que les araignées m’effraient mais je m’interrogeais sur la pertinence de mon geste. Est-ce que je pouvais la toucher sans tout dérégler, ces mécanismes me sont tellement étrangers, je me méfiais de la chaleur de mes doigts, je suis quand même à 37°… ce n’était peut-être que les piles à changer. J’abandonnais pour un temps l’expédition me contentant de la température intérieure. Après tout, ça me suffisait…
Quelques jours plus tard, la belle discrète devint elle aussi muette. Là aussi, je n’osais la toucher de peur de lui transmettre la chaleur de mon corps qui montait de manière anormale.
J’avais la fièvre, la fièvre du temps, la météo se taisait chez moi mais se déchaînait à l’extérieur, bourrasques, tempêtes, giboulées suivies d’une chaleur pesante. On aurait dit que ma petite station-météo ne voulait pas participer au chaos climatique et qu’elle préférait rester muette que d’en ajouter de peur de me voir disjoncter quand la canicule ne manquerait pas d’arriver.
il n’y a donc pas que mon maris qui ait la passion des stations météo…dont personnellement je me passe très bien.