Est-elle en tôle ? Est qu’est-ce d’ailleurs la tôle ? Ou bien c’est du zinc ? En face de la fenêtre, je vois la gouttière. Elle paraît bien accrochée. Si je me suspendais à cette gouttière, elle se décrocherait. Je pourrais alors aussi bien être minuscule, et marcher dans la gouttière, partir avec l’eau, me retenir aux bords. A Fribourg il y a de canaux partout dans la ville. Les enfants accroupis jouent avec des bateaux qu’ils tiennent par un fil, je pourrais être assise sur le rebord de la gouttière et tenir fermement mon fil les jours d’orage, le petit bateau serait tiré par le courant. Mais aussi bien serais-je emportée à mon tour. Alors peut-être vaut-il mieux ne pas s’aventurer dans cette gouttière, la regarder de loin, imaginer ce qui s’y accumule, peut-être par fonds sec, dans plusieurs années, on pourra y marcher, comme sur les îles de Loire, elle sera stabilisée la gouttière, il y poussera des coquelicots, ou verra-t-on plutôt parmi de fragiles concrétions se dessiner des chenaux changeants, on pourrait alors s’imaginer gondolier dans cette gouttière, on longerait la façade de l’immeuble, avec lenteur un jour d’été, paresseux, parmi les touffes de roseaux.
J’aime cette idée de l’objet qui devient abri, comme si l’habiter de la proposition 4 était déjà dans l’objet de la proposition 3. Et de ma Fribourg à la vôtre, je vous fais un signe (tiré par un fil).
Fribourg en Brisgau ou alors le fribourg suisse?