Il y a des choses ou des objets inutiles que l’on n’aime pas ramener chez soi. Non pas qu’ils soient particulièrement encombrants voire pas du tout, mais plutôt gênants ou même totalement indésirables…et pourtant ils ne pèsent que quelques grammes. Sentent-ils mauvais ou forts? non pas que je sache, ils sentiraient même plutôt bon à leur usage. Je suppose que la plupart d’entre nous a eu cette chose, cet objet rangé dans un porte-feuille ou au fond d’une poche. On le sort avec sa monnaie et son trousseau de clefs, on le partage volontiers entre amis. C’est relativement petit et ça ne pèse que quelques grammes, ne coûtant qu’une trentaine d’euros, un paquet de cinquante cinq tablettes, que l’on achète à toute heure sur amazon. Il y en a avec ou sans sucre et avec différents parfums…menthe, citron, cannelle, fraise…au choix…Il contient du sorbitol, du sirop de maltitol, du xylitol, de l’aspartame, de l’acésulfame-K, du sucralose, de la gomme base, du E170, du E141, du E422, et des lécithines de tournesol. Il s’agit, on l’aura compris, du chewing gum, ou pâte à mâcher, produit d’inspiraton américaine, fabriqué en France, de marque hollywoodienne, rappelant une cool attitude en jean, « an american way of life » fleurant bon les grands espaces avec étapes à môtels, sur les pas de Kerouac en mode easy rider. L’abus du chewing gum peut avoir des effets laxatifs ou provoquer des reflux gastriques. On pourrait y ajouter quelques contre-indications de dentisterie qu’on ne développera pas ici… S’agit-il de l’ensemble de ces effets gênants ou indésirables dont on vient de parler? Non. Il y en a un autre beaucoup plus insidieux qui peut nuire à des relations sociales…c’est lorsque l’on ramène cette pâte à mâcher sous une semelle de chaussure. On la ramasse inopinément dans la rue sur le trottoir, jeté ou recraché là au hasard, au terme d’un processus de mastication avec une alternance éventuelle d’essais de gonflage de bulle que l’on résorbe en une aspiration peu élégante…Ce morceau de gomme mâchouillé informe et infâme, nous prévient qu’il fait un bout de chemin avec nous, en retenant notre semelle au trottoir. Lorsque l’on s’en rend compte, il est déjà trop tard….On essaie obstinément de le décrocher en frottant la semelle vigoureusement sur un support quelconque…trottoir, bordure, banc…mais cet infâme blob s’enfonce et se répand encore plus profondément entre les crans de la semelle…Arriver chez un hôte avec cet intrus à la semelle est inenvisageable. On ne peut décemment le laisser sur le paillasson ou une moquette d’un hôte de marque, même chez soi…ce partage de chewing gum serait une faute de goût impardonnable…On cherche des astuces pour s’en débarrasser…une brindille? pas assez solide…un bâton? …mais alors pas trop gros, assez résistant, et dans la mesure du possible d’un diamètre équivalent à la rainure de la semelle…plus facile à trouver en forêt qu’en ville…on a toujours une clef qui pourrait faire l’affaire…clef de voiture ou d’appartement… Toutefois il faudra se munir d’un paquet de mouchoirs suffisant pour détacher cette matière visqueuse détachée du soulier au prix d’une lutte impitoyable. Du chewing gum dans une serrure n’est certainement pas une expérience à partager. Mais on n’a pas toujours des mouchoirs en poche. Il faudra se débrouiller. Bref, dès que l’on a trouvé un objet idoine détourné de sa fonction initiale, on doit encore prendre une pose peu esthétique ou bien ôter la chaussure contaminée pour y traiter cette pâte à mâcher trop collante au prix d’un curetage de semelle et d’un retard à un rendez-vous, sous le regard amusé ou indifférent de passants.
hyper réalisme et de l’humour en plus , merci ça rafraichit et pas que l’haleine!!