Je l’ai ramassée, je l’ai mise dans ma poche, je l’ai ramenée chez moi, je l’ai posée sur mon bureau, elle est toujours là. Elle me regarde, je la regarde, je la garde, je la touche souvent. Elle est lisse, douce, brillante, marron, la forme d’un cœur. Une graine en forme de cœur, c’est une graine je le sais. Je l’ai ramassée sur le sol, dans le sable, sur une dune ou bien dans la forêt au creux d’un tronc en décomposition, j’ai oublié. Je l’ai mise dans ma poche. Je la secoue souvent pour entendre dedans. Je n’entend rien dedans. Dedans c’est creux, dedans c’est vide, je crois. Je l’ai ramenée chez moi quand on s’est rencontrées là, j’ai oublié où. J’ai envie de la planter, de la planter dans mon potager. Je n’ai jamais osé la planter. Je l’ai ramenée chez moi. Je ne sais pas qui elle est, je ne sais pas d’où elle est. Je n’ai pas encore osé la planter, l’enfouir dans un terreau bien gras ou dans du sable sec. Je l’interroge de mes doigts, je lui demande ce qu’elle deviendrait, j’essaie de savoir qui elle serait. Je l’ai posée sur mon bureau. J’ai un peu peur quand je la tiens entre mes mains. J’ai un peu peur, je ne la frotte pas trop fort, si quelque chose est enfermé là, ou quelqu’un. Une graine de je ne sais pas quoi. Je préfère ne jamais savoir. On va rester comme ça toutes les deux.
Relation sensuelle et sécrète. Merci
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Quel beau texte ! Merci.
Merci Anna et Helena.