Je glisse la semelle chaude. Je pousse la proue dans le col. Je vise les plis. Je me coordonnee. Je godille. J’ondule le cul du fer. Je glisse de zone en zone. J’aplatis. Je chasse les lignes. Je fonce dans le linge. Je pousse le fer et je le rattrape et je le pousse et je le rattrape. Et je pousse et je le rattrape. Et je fais du surplace mais le vêtement glisse. Je redresse le bec vertical. Le fer pouffe sa vapeur. Je le replace. J’annexe une nouvelle partie. Je glisse la semelle sur une manche. Je pousse et je rattrape. Le bruit de vapeur suit. Je pousse et je rattrape. La chaleur monte. Je rentre dans le linge. Je repasse. Je ne repasse que mes vêtements. Je pense à mes vêtements. Je les lisse. J’efface les plis. Je ne veux pas qu’on me voit dans les plis. Je les efface comme ma crème antiride. Je pousse le fer je le rattrape. Je connais ce geste. Je me sens trop femme. Je me sens pas féministe. Je me sens ridicule avec cette barque renversée remplie d’eau au bout du bras. Je sais bien repasser. C’est bien. Les plis sont partis. Je prends un autre vêtements. Je pousse la poignée, je rattrape le fer. Je pousse, je rattrape. Et maintenant je plie.
Un commentaire à propos de “#anthologie #03 | la semelle à linge”
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.
Superbe : « Je rentre dans le linge » « je fonce dans le linge » « Je ne veux pas qu’on me voit dans les plis. » « je me sens pas féministe »
Je trouve que c’est un superbe portrait de personnage en creux. Bravo !