#anthologie #03 | élastique

J’ai trouvé par terre en revenant du bois un élastique par terre. J’ai trouvé un élastique pour attacher les cheveux. J’ai trouvé un élastique tout noir, du tissu entourant un élastique, plutôt épais pour un élastique à cheveux. J’ai d’autres élastiques chez moi, propres, n’ayant pas traîné par terre, encore dans leur boîte, la boîte dans laquelle je les ai achetés, au supermarché, et pourtant j’ai tout de même décidé de le prendre. Je le trouvais solide. Je me suis dit qu’il me serait utile, comme les autres. J’ai hésité, j’ai bien vu qu’il avait traîné par terre, qu’il y traînait depuis quelques temps. Et puis j’ai imaginé aussi le propriétaire de l’élastique, ou la propriétaire. J’ai imaginé l’élastique dans les cheveux de l’autre ; le sébum du crâne, la graisse des doigts, la poussière des cheveux. Je n’étais plus trop sûre de le prendre. Et en même j’en avais très envie, parce que c’était l’élastique de quelqu’un d’autre, que je l’avais trouvé par terre, qu’il était à quelqu’un, et à personne, comme un cadeau. J’avais l’impression que quelqu’un m’offrait un cadeau. Et j’en avais très envie. Comme cueillir un champignon. Alors de deux doigts je l’ai extrait du sol, j’ai vaguement soufflé dessus et je ne savais pas où le mettre. Je le trouvais sale. Je ne voulais pas mettre quelque chose de sale dans ma poche. Je l’ai porté, un peu, entre mes deux doigts. J’ai senti mon petit doigt en suspens, éloigné le plus possible de l’élastique. Je voyais bien que ma main était assez éloignée de mon corps. J’ai continué comme ça avec lui quelques mètres et puis je l’ai mis dans ma poche, comme ça. Je me suis fait la réflexion qu’à la première occasion je le nettoierais avec de l’eau et du savon, peut-être même que je le ferais tremper un peu dans un bol avec de l’eau savonneuse, un peu de vinaigre, du bicarbonate de soude. Quand je suis rentrée chez moi, j’ai enlevé ma veste et je l’ai accroché au porte-manteau.

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