Une porte traversante, la fenêtre entre ouverte sur un jardin, le reflet du dossier d’un fauteuil adossé contre le rebord, l’heure où le dos est au soleil, une desserte recouverte d’une nappe en dentelle relevée pour faciliter l’ouverture du tiroir. Une vielle dame de dos rangerait les couverts du panier en plastique de la machine à laver. Ses vêtements gris, taupe et lilas comme son chignon. Ses mains déformées par l’arthrose trieraient les fourchettes de la cuisine et celles de la salle à manger, puisr les couteaux, les cuillères, elle les poserait avec minutie chacun dans leur couloir. Une lampe en porcelaine de chine, l’abat jour noirci de moisissures. Au pied, un grille pain avec une rallonge en huit, emmêlée, s’étale sur un parquet. Le reflet de la fenêtre compose un damier sur le mur, des assiettes peintes à la main y sont accrochées, un balai, dans l’embrasure d’une porte vitrée le cadre d’un fauteuil. Les murs ont été blancs. La table recouverte d’une toile cirée aux motifs de nœuds marin, occupe presque toute la pièce, des traces de coup de torchette, des miettes oubliées, des serviettes en boule, un bol avec une assiette pour un retardataire, le dessous de plat en paille tressée avec le café, la théière, un panier à pain avec deux tranches, les chaises en bois sont éparpillées. Un chat dérangé s’échapperait des pied de la table. Un bouquet de monnaie du pape dans une cruche sur un carrelage à motif devant une cheminée, l’ éclat d’un chandelier, Devant un garde à manger, une assiette avec deux poires, une pomme, le napperon de dentelle de traverts. Le temps serait orageux, la vielle dame refermerait la fenêtre en tenant le balai dans l’autre main.